Le 4 février dernier se tenaient deux évènements : la marche du collectif Ebola et le rassemblement contre le racisme et le sexisme.
Lors du rassemblement, M a pris la parole afin de dénoncer la condition de vie des femmes sans-papiers et de demander le soutien des autres femmes.
Son discours met en perspective ce qui se passe pour elles au quotidien. Elles demandent protection.
Il nous semblait important de relayer ce discours :
« Bonsoir,
Moi, mon nom c’est M, je suis de Guinée-Conakry, je fais partie du collectif de femmes.
Je suis là aujourd’hui pour vous parler des femmes sans-papiers.
Parce que j’ai entendu parlé que Mr Théo Francken a dit que ce sont les immigrés qui sont en train de violer la loi et qu’on doit leur montrer comment on doit traiter les femmes.
Mais je veux vous dire aujourd’hui, avant, depuis qu’on a commencé à parler des demandeurs d’asile, que nous les femmes sans-papiers, on a jamais osé s’exprimer sur ce qu’on vit ici en Belgique, qui est la capitale de l’Europe.
Les sans-papiers que vous voyez ici, ce sont des femmes qui sont mortes à l’intérieur d’elles-même.
Ce sont des femmes qui subissent tout ce que vous avez, qu’on protège vous, les autres femmes qui sont des belges.
Nous, les femmes sans-papiers quand on sort dans la rue, on regarde toujours derrière, si ce n’est pas la police qui nous fait peur, ce sont des gens qui abusent des femmes parce que tu es sans-papiers. Dès que tu dis « je suis une femme, je suis là, je suis sans-papiers », ça veut dire comme si tu t’es mise nue devant ces gens là. Ca veut dire qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent.
Alors aujourd’hui, je vous dit, vous les femmes qui sont là, qui ont envie de nous soutenir, regardez ce bout de papier que j’ai là, si chacun de vous n’a pas de bout de papier... nous sommes toutes pareil, les femmes. Alors pourquoi nous, on subit chaque jour, ce que vous on vou protège ici ?
Nous sommes exposées à tous les dangers que vous vous êtes protégées.
Et nous, les femmes aujourd’hui, on pleure à l’intérieur, parce que si tu es violée, si tu es abusée par les autres hommes, si tu croises des policiers, la première chose qu’il va te demander, il ne te demande pas « montre moi tes blessures, comment tu as été violée, comment tu as été tabassée », c’est « donne moi ta carte d’identité ». Si tu n’as pas une carte d’identité, ça veut dire que tu n’as pas été violée, c’est toi qui a provoqué ce viol. Ca veut dire que quand on parle à un policier qu’on a été violée, comme on dit à la loi qu’on est pas protégée, ni nous, ni nos enfants.
Dans les occupations aujourd’hui, par exemple à Ebola, y a 125 personnes, ya que 25 femmes qui sont là-bas, on peut dormir tout nu, on est là avec des hommes, y a pas de portes dans nos chambres, c’est une occupation, une maison abandonnée, mais jamais un homme n’a abusé d’une femme ici dans les occupations.
Mais dans la rue, on a tout le temps peur. Vous croyez ici, que quand on est violée, c’est des hommes, des demandeurs d’asile qui nous violent ici ? C’est des demandeurs d’asile seulement qui profitent de nous ? Non ! On est des femmes qui sont tuées, et nous aujourd’hui, on a besoin de votre soutien. On est là, on travaille, on nous exploite.
Si un homme aujourd’hui, me demande moi, de venir travailler chez lui, vous croyez que c’est pour faire le ménage chez lui ? C’est pour repasser ses vêtements ? Non ! Qu’il soit belge ou étranger, c’est pour faire autre chose que pour faire le ménage. Et ça, le gouvernement le sait, mais il ne nous protège pas.
Théo franken, la proposition qu’il a dit, de faire ces cours aux demandeurs d’asile, je suis entièrement d’accord, oui, il peut le faire, mais à condition qu’il nous protège nous aussi ! C’est pas parce qu’on a pas les papiers, qu’on a pas besoin de sa protection. S’il a eu l’idée de protéger les autres femmes, pourquoi nous, il ne peut pas nous protéger ? Pourquoi ?
Les femmes se promènent ici, quand je vous vois ici, on est tous des femmes, on est tous pareil.On vient de l’étranger certes, on est pas chez nous, mais on est là parce qu’il y a les Droits de l’Homme, que les femmes ne soient pas des jeux pour les autres hommes.
Mais nous, on a pas d’amour, on ne nous donne pas de l’amour.
Quand on dit qu’on a pas de papiers, ça veut dire qu’on peut faire de nous ce qu’on veut. On veut que ça s’arrête.
Parce que aujourd’hui, si un jour vous entendez qu’il y a une femme qui s’est suicidée, qui a fait quelque chose ici, c’est parce qu’elle n’a pas été protégee.
Dans les occupations, on ne peut même pas dire à un homme que j’habite dans cette occupation, parce que dès que tu parles de l’occupation, ça veut dire que tu as dit « je suis faible, je n’ai rien, tu peux faire de moi ce que tu veux ».
Alors qu’est-ce qu’on va devenir ?
Vous, les femmes belges, on vous invite à nous soutenir, à nous sortir de là, parce qu’on ne peut plus, c’est un fardeau qu’on arrive plus à supporter. On veut vivre comme tout le monde, avoir une dignité. Notre dignité, on est en train de la perdre parce que le gouvernement a décidé tout simplement de nous oublier. De nous laisser vivre dans la misère.
Ceux qui partent en Afrique pour montrer des documentaires de ce qui se passe ne Afrique. Ils n’ont pas de demandes, ils volent jusque là-bas. Il y a des occupations, vous pouvez aller avec vos caméras et voir ce qui se passe.
Parce que nous sommes abusées, nous sommes violées, nous sommes devenues des prostituées sans le vouloir. On ne peut pas vivre comme ça. C’est impossible, ce n’est plus une vie. Nos enfants ne sont pas protégés. Et nous, à la même occasion.
Et pourquoi il veut donner des cours aux immigrés ? Et nous les femmes immigrées, nous ne sommes pas protégées. Pourquoi ? On veut que ça s’arrête aujourd’hui. Parce que ça ne peut plus durer. On peut arrêter des sans-papiers, mais on ne peut pas arrêter des objets sexuels.
Je vous remercie tous de nous avoir invitées ici et de vous être mobilisés pour lutter pour cette cause.
Merci."
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