Eric Drouet fronce les sourcils. Pour la première fois depuis le début de sa vidéo retransmise en direct sur Facebook, le 26 décembre, l’organisateur des manifestations de « gilets jaunes » à Paris apparaît interloqué par les propos de ses camarades, attablés à ses côtés dans une brasserie parisienne. Les mots « extrême droite » ont été prononcés. Son ami Jérôme Rodriguez le met au parfum : « Le mec, Vincent Lapierre, que t’as appelé, il y en a plein qui l’ont traité de facho. » Le chauffeur routier vidéaste et principale figure du mouvement mâche un peu ses mots : « Ouais, c’est bizarre… J’ai pas tout compris avec Vincent La pierre. » Il ajoute : « Moi, j’ai juste vu les reportages qu’ il a faits sur les Champs-Elysées. C’ était vachement bien retranscrit. Après, le reste de ce qu’ il a fait, je sais pas trop. »
Le « reste » du parcours de Vincent Lapierre n’est pourtant pas sans intérêt. De 2015 à la mi-2018, ce trentenaire a travaillé pour Egalité et réconciliation, le site de l’agitateur antisémite Alain Soral. Entre autres reportages aux visées politiquement très situées, il a plusieurs fois interviewé avec une grande complaisance l’humoriste d’extrême droite Dieudonné, qu’il nomme affectueusement « Dieudo ». Pas suffisant toutefois pour dissuader Eric Drouet de le mettre en avant - avec le média Brut et Russia Today - auprès des « gilets jaunes ».