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LES ACTEURS DE LA COMÉDIE BURLESQUE :
Les gouvernements et les gouverneurs des banques centrales des 20 plus grandes
économies, souvent nommées pays les plus "riches". Actuellement, il s’agit de l’Argentine,
l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie,
le Japon, le Mexique, la Russie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, la
Turquie, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne ainsi que le Fonds monétaire
international...
Leur protection : à la mesure de leur crainte d’un quelconque contre-pouvoir : plus de
20.000 forces de l’ordre à leur disposition pour la répression.
La presse mainstream : entièrement dédiée à prêcher la bonne parole capitaliste, occultant
les autres messages, les autres points de vue, manipulant les événements, occultant des
réalités.
LE LIEU et LA DATE :
Hambourg, République fédérale d’Allemagne, Europe
Juillet 2017
LA FOURBERIE :
SOMMET G20
SON INSOUMISSION :
LE CONTRE-SOMMET ANTICAPITALISTE
Quel défi pour la chancelière Angela Merkel! Elle a osé! Toutefois pour que cette réunion des
gouvernants des vingt pays les "plus riches" puisse se tenir, faut y aller franco. Ainsi tout est mis en
place pour paralyser, contrôler la ville, de manière à permettre à ces messieurs-dames venu.es des
quatre coins du monde de se réunir sans être dérangé.es.
Bien sûr il n’est pas imaginable que l’une (peu de femmes) ou l’un d’entre eux soit un tant soit peu
perturbé.es, il faut que tout roule sans encombres, de manière à ce qu’illes aient la possibilité de
faire semblant de trouver des solutions aux problèmes du monde. Pourtant il existe à leur opposé,
des êtres doués de cerveaux et désapprouvant cette vision friquée et destructrice du monde, refusant
l’ordre établi actuel et les règles imposées au seul bénéfice des plus "riches". Ces êtres, nommonsles
"opposant.es", ou encore "manifestant.es" lorsqu’illes s’activent, ont tant de choses à dire, à
revendiquer, à exprimer. Ces personnes proviennent de toutes les régions et décident de prendre la
parole - très violemment réprimée - au cours de "contre-sommets". Un des plus amèrement
mémorables de ces contre-sommets fut celui de Gênes en 2001 marqué par l’extrême violence
exercée par les forces de l’ordre! La gestion de l’ordre public fut catastrophique et "un nombre
incalculable de personnes innocentes ont subi des violences physiques et psychologiques qui les ont
marquées à vie".1 Le bilan avait été lourd avec la mort de Carlo Giuliani, manifestant tué par les
forces de police et des dizaines de blessés.
1 dixit l’autorité policière italienne, Franco Gabrielli
En plus d’un assaut qualifié de "boucherie", par Gabrielli, dans une école de Gênes où dormaient
des manifestants, l’ancien chef de la police a évoqué des cas de tortures. En effet certains
manifestants avaient été conduits à la caserne de Bolzaneto : "A Bolzaneto, il y a eu des actes de
torture"2. Rappelons quelques déclarations qualifiant ce contre-sommet G8 : « Ceci est le premier
mouvement de masse de l’Histoire qui ne réclame rien pour lui-même". « La plus grave violation
des droits démocratiques dans un pays occidental depuis la seconde guerre mondiale » (AI). La
Cour européenne des droits de l’homme (Cedh) a établi à deux reprises que des policiers italiens y
avaient brutalisé des civils. Enfin seize ans après les faits, dans un arrêt rendu le 22 juin 2017, la
Cedh a condamné l’Italie à verser des dommages et intérêts aux victimes des écoles Diaz et Pascoli
pour violation de l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, c’est-à-dire
"torture", lors des opérations punitives menées à l’issue des mobilisations contre ce sommet.
Ce fut indéniablement un situation de chaos extrême et un tentative (tenue en échec par des années
de dénonciations venues des manifestants victimes) d’expérimenter une gestion militarisée de
l’ordre public. Qui dit gestion militarisée, dit répression d’état.
En raison de ces événements dramatiques et affolants aussi pour les gouvernants, il s’agissait à
Gênes du dernier grand rassemblement "G" quelque chose, tenu au sein d’une grande ville. Ses
membres ayant décidé de tenir désormais leurs réunions dans des endroits moins accessibles au
commun des mortels et surtout à toute personne qui s’opposerait à leurs décisions et souhaiterait
l’exprimer. Et voilà que l’audacieuse Angela Merkel décide d’organiser à nouveau le sommet du G20
en juillet 2017 au centre même de Hambourg, sa ville natale!
Elle invite donc ces grosses légumes copines au « Hamburg Messe » où elle les a reçus : Xi Jinping,
Donald Trump, Vladimir Poutine, Theresa May, Emmanuel Macron, Recep Tayyip Erdogan, Jacob
Zuma, Mohamed Bin Abdullah A-Jadaan, Mauricie Macri, Malcolm Turnbull, Justin Trudeau,
Michel Temer, Moon Jae-In, Narenda Modi, Joko Widodo, Paolo Gentiloni, Shinzo Abe, Enrique
Pena Nieto, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker ; que du beau monde quoi!
2 http://www.leprogres.fr/france-monde/2017/07/20
Les invités
de la
chancelière àl’Elbphilarmonie pour écouter la 9ème de Beethoven sont bien gardés!
Leur programme est chargé et les représentations nationales et épouses diverses et variées
accompagnent logées dans de beaux hôtels de la ville. Autour des salles de congrès la ville a été
carrément divisée en zones, la rouge étant sur-surveillée et interdite d’entrée. Devant les hôtels, des
policiers en nombre veillent, des barrières entourant la zone interdite sont gardées par des forces
armées. Les grosses limousines escortées traversent la ville sirènes hurlantes. La circulation est
interdite dans un vaste périmètre, les parcours des taxis sont rallongés, une course de 15 euros se
transforme en 35 euros. Certains taximen préfèrent ne pas travailler craignant trop peu de boulot. A
qui l’addition?
Cependant ce ne sont là que des considérations bien minimes en vue de planter le décor. L’essentiel
ce sont ces bras armés pour répression qui ont été ordonnés pour se trouver partout et tout le temps,
menace perpétuelle : 20.000 policiers. Empêcher les opposant.es de monter leurs camps bien que
l’autorisation existe, barrer les routes, intimider, accompagner les manifestants tout au long du
parcours, attaquer au moindre mouvement de masse, charger, usage de gaz lacrymogènes erratiques,
arrosages à l’auto pompe... Des flics, des policiers, des forces de l’ordre, des robocops, des
undercover, des en civil, des camionnettes, des canons à eau flambant neufs ( env. 1 million d’euros
pièce), des chars, des voitures, l’arsenal complet au service de la répression.
Les flics sur-équipés qui se plaignent de n’être pas assez !
Quelle victoire ! 20.000 ne suffisent pas à faire taire les opposants!
Les anticapitalistes,les antifascistes, les antiracistes, les pacifistes, les autonomes, les ennemis de
toutes ces politiques de terreur et de division ont réussi à faire entendre un autre son de cloche!
Après trois jours de lutte, les policiers ne s’en sortent pas, ils appellent à l’aide : au secours, nous
avons besoin de renfort!
Donc oui, la lutte a été gagnante, les blocages de ponts, les invasions du port, les barrages des rues,
les manifestations à plus de 100.000 personnes hurlant leur opposition malgré les déploiements
énormes, malgré les cohortes en pelotons chargeants. Malgré des centaines de pantins aux ordres,
courant dans les rues, au trot dans les parcs, alourdis par leurs uniformes outrageants. En dépit de
leurs surveillances de tous les instants, leurs menaces, la rue ne s’est pas tue.
G20 Nous ne sommes pas tous (présents) il manque les noyés
Admirable ténacité des manifestants, surtout locaux, qui ne craignent pas, poursuivent leur but,
recommencent inlassablement, ne se laissant pas intimider et affirmant en masse leur détermination!
Les rues envahies jour et nuit, la ville n’était qu’une énorme scène de lutte, engloutie sous les
uniformes, verts, noirs,
des flics des différents Länder (Régions) d’Allemagne. "Attention ceux de Hambourg sont connus
pour être les plus violents" nous avertissent les habitants. Habitants offrant logements et assistance,
un cercle rouge apposé à leur portes ou fenêtres indiquant aux manifestants qu’ils étaient prêts à les
protéger en cas de besoin ou de charge policière.
Et le cirque dans le quartier Schanzenviertel ! La nuit tombée les feux des barricades protègent les
quartiers au grand dam des forces de l’ordre que leurs véhicules armés ont tenté de percer.
Ils râlent et le ton monte, ils n’hésitent pas à faire intervenir hélicoptères avec projecteurs pour
mieux cibler, forces d’intervention spéciales lourdement armées postées sur les toits, recours de la
police à des tirs de gaz lacrymo et copieusement des canons à eaux.
Il fait chaud, ça chauffe et partout, tout le temps et pourtant, les gens poursuivent leurs repas aux
terrasses, se baladent pour observer, boivent un verre...
Un truc hallucinant pour les habituées que nous sommes à voir les flics courir indifféremment en
rage vers tout le monde et taper envers et contre tou.te.s. : là non, ils ciblent et s’en tiennent à leur
cible. Impressionnant de se retrouver au milieu de robocops sans qu’ils se soucient des passants! Ils
poursuivent prioritairement les " black blocs "en mode action directe.
Encore une notoire différence : bilan 213 policiers blessés et 143 personnes interpellées sur plus de
150.000 manifestants, quel contraste avec les centaines d’arrestations lors d’une seule manifestation
en Belgique.
Deux constats s’imposent :
1 Nous sommes évidemment conscients du rouleau compresseur qui avance sur les opinions
contraires à celles imposées par le système capitaliste depuis des dizaines d’années. Ces règles
devenues tacites et acceptées sans réflexion par une très large partie des habitants de notre planète,
surtout dans nos régions, sont pourtant meurtrières et liberticides au profit du capital et de ses
détentrices.teurs. Pourtant se retrouver sur place, pendant une semaine de déploiements répressifs,
entourés de forces de l’ordre dans tous les coins, au son incessant, jour et nuit, des sirènes
actionnées à chaque déplacement par des dizaines de véhicules, envahis par le bruit assourdissant,
jour et nuit des hélicoptères (jusqu’à 6 au même endroit), matérialise effroyablement cette
répression. Elle est bien décidée et préparée, elle est réfléchie, elle est disponible et déterminée. La
répression n’est pas un concept virtuel : c’est une réalité!
2 Afin de justifier leur répression, outre leurs bras armés, les gouvernants disposent d’une
autre force : la presse. On le sait, elle est au service des états, de manière plus ou moins subtile, plus
ou moins intelligente, de manière plus ou moins explicite, mais elle les sert sans sourciller. La
manière biaisée et non fondée de rapporter des faits, le manque d’analyse, l’absence de réflexion sur
les revendications des manifestants, le porte-voix des autorités et les fausses informations débitées,
en font un manipulateur d’opinions de premier ordre. Un exemple révélateur de cet état de fait
concerne la manière dont les médias ont repris des chiffres concernant les policiers blessés. Comme
des perroquets ils ont repris les chiffres "officiels" de 476 policiers blessés. En fait, ce chiffre doit
être nuancé en précisant qu’il s’agit de l’ensemble des blessures et des maladies déclarées par les
fonctionnaires mobilisés pour le G20 entre le 21 juin et le 10 juillet soit 20 jours, bien plus que la
période des manifestations du 6 au 9 juillet, soit 4 jours. Au cours de cette période le nombre de
policiers blessés est de 231 dont plus de la moitié admettent les autorités, furent victimes de
déshydratation, de troubles circulatoires ou d’exposition à leurs propres gaz lacrymogènes!
On le constate, les chiffres lancés tels quels ne représentent en fait pas la réalité mais confortent la
position voulue des états pour justifier de leurs méthodes. Par ailleurs on peut s’étonner du silence
complet sur le nombre de manifestants blessés.
Succès global pour cette opposition qui ne doit pas se limiter à une semaine, il est nécessaire que la
lutte doit se poursuivre au quotidien si l’on veut espérer une avancée significative dans le combat
contre le capitalisme massacreur.