Du 6 au 8 décembre se sont tenues au Grand Palais de Lille les 41e journées du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) qui réunissent chaque année près de 3000 professionnels de santé ainsi que plusieurs dizaines de sponsors pharmaceutiques (1).
Une seule table ronde sur les questions d’éthique a été programmée, avec des participations qui interpellent. Le président du CNGOF, Israël Nisand, est intervenu sur "La relation entre médecin et patient". On peut se douter de la teneur de son intervention quand on sait qu’il "compare volontiers la relation patiente/médecin à une relation parent/enfant", s’inscrivant dans une médecine paternaliste et infantilisante. Il a par ailleurs défendu ouvertement un gynécologue condamné pour agression sexuelle, qui aurait été, selon lui, « desservi par sa gentillesse » : ses gestes auraient été « fantasmés » par des patientes « séduites/déçues ». (2)
Quant à Gérard Levy (s’exprimant sur "Le consentement, questions éthiques soulevées par son obtention"), il s’est déjà exprimé de manière ambigüe sur les recours juridiques en cas d’erreur médicale. La judiciarisation, en appelant à l’accès de plus en plus large à l’information des femmes sur leur santé, contribuerait à créer un vécu anxieux de la grossesse "jadis vécu sereinement", bave-t-il. (3)
Par ailleurs, tous deux ont nié l’authenticité des effets secondaires des stérilets hormonaux Mirena et des pilules de troisième génération, réduisant avec mépris leur dénonciation à un effet de "mode". Cette posture n’est pas compliquée à comprendre quand on sait que le laboratoire BAYER, qui les commercialise, est l’un des sponsors du congrès : le conflit d’intérets est clair. (4)
Le fait que ces acteurs problématiques et dangereux assurent de telles responsabilités institutionnelles montre que la tolérance des violences gynécologiques, la culture du viol et le mépris de l’intelligence et de l’integrité des patientes sont au coeur de la profession. Nombreux sont les témoignages d’expériences de violences, de comportements et de commentaires inappropriés, de douleurs ignorées, de choix méprisés, de soins inadaptés et non fondés scientifiquement. Nous dénonçons ces pratiques ainsi que l’impunité dont bénéficient largement les médecins. La gynécologie ne peut rester une zone de non droit où les violences sont passés sous silence. Pour protester contre à la fois ce colloque, la profession et le système qui protège les violeurs en blouse blanche, nous nous sommes retrouvé.e.s et, à l’aide d’affiches et de tags, avons fait exister ces agressions dans l’espace public, hors d’une salle d’examen confinée. Cette action avait pour but de dénoncer cette violence et de montrer qu’une riposte est possible, qu’elle soit dans la rue ou dans le cabinet médical.
Nous ne sommes plus dociles face à cette oppression et nous encourageons toutes les personnes concernées à faire entendre leur voix pour exiger le respect de leur corps et de leur esprit.
Notre lutte ne se limite pas à la sphère médicale mais concerne l’ensemble des pans de nos vies. Dépasser la précarité sociale et économique imposée jusqu’aux confins de nos corps est une étape primordiale vers une libération des multiples formes d’oppression sexiste.
Nous exigeons que le consentement et l’information des patientes soient au centre du soin.
Nous exigeons des pratiques respectueuses de nos choix de vie et de notre corps, et que les professionnels fassent fi de leurs croyances individuelles pour nous fournir des soins appropriés. Nous exigeons une information claire sur les liens qui existent entre medecins et industries pharmaceutiques.
1.programme du colloque :
http://www.cngof-congres.fr/sites/default/files/cngof17_-_programme_definitif.pdf
http://www.cngof.asso.fr/d_cohen/coA_08.htm
2. Intervention de M. Nisand aux 17 journées des gynécologues d’Alsace : https://drive.google.com/file/d/0B_ZD6qatBUZJNmdXa1h2Vl9JUHc/view
3. Propos de M. Levy sur le stérilet Mirena
http://information.tv5monde.com/terriennes/sterilet-hormonal-mirena-les-francaises-denoncent-l-omerta-des-effets-secondaires-168229
4. Entretien avec M. Nisand sur les violences gynécologiques :
http://www.elle.fr/Societe/Interviews/Violences-gynecologiques-selon-le-Pr-Israel-Nisand-les-femmes-devraient-davantage-porter-plainte-3494222
Propos de M. Nisand sur la pilule de 3e génération
https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/israel-nisand-arretez-attaques-contre-vaccination-contre-contraception-1346287.html