Depuis ce matin la problématique des migrant.e.s à Calais commence à faire surface dans la presse nationale française et même dans la presse internationale. Ceci "grâce" aux émeutes des derniers jours qui opposent Soudanais.es et migrant.e.s provenant du Corne de l’Afrique. Cette nuit les émeutes ont été particulièrement violentes, avec 50 blessés dont un dans un état critique. Il s’agirait d’une dispute entre les communautés pour l’accès à un parking près du port.
Cette explosion de violence est le résultat d’une crise humanitaire dans le Nord Pas-de-Calais qui dure depuis des années. Une crise humanitaire qui est provoquée et maintenue par les autorités afin de dissuader les migrant.e.s d’arriver dans la région et de tenter de passer au Royaume-Uni. Cette dissuasion se traduit par une répression soutenue et une dégradation systématique des conditions de vie des migrant.e.s.
Mais les migrant.e.s continuent d’arriver, vivent dans des conditions extrêmement précaires et prennent de plus en plus de risques pendant leurs tentatives de passer de l’autre côté de la Manche. Illes essaient de se cacher dans les camions qui sont à l’arrêt sur les parkings et aires de repos près du port de Calais ou le long de l’autoroute (A16, A26). Ou illes essaient de s’introduire dans les camions qui ralentissent sur les rocades autour du port.
La violence
La violence est à la fois un instrument et une conséquence de la situation.
D’abord c’est un instrument de dissuasion. La violence policière est bien documentée. Les associations sur place comme Médecins du Monde rencontrent et soignent régulièrement des migrant.e.s qui ont été attaqué.e.s par la police autour des parkings du port de Calais ou le long de l’autoroute.
Une autre violence ce sont les expulsions de squats et les déstructions des jungles, des abris de fortune des migrant.e.s, la chasse aux migrant.e.s afin de les pousser vers les extrémités de la ville. Les expulsions, déstructions et la chasse sont les instruments de gestion des autorités locales et de la préfecture. Le but est de pousser les migrant.e.s dans une précarité extrême et de les faire disparaître de vue.
Au port même il y a des dispositifs de contrôle pour repérer des migrant.e.s qui se trouvent à l’intérieur d’un camion. Si on en trouve, le chauffeur doit payer une amende de 3000€ et le transporteur 1500€. Ceci oppose les chauffeurs et les migrant.e.s. Parfois des chauffeurs essaient de chasser des migrant.e.s avec des coups de barre de fer. Les migrant.e.s ne se laissent pas forcément faire et peuvent se défendre violemment.
Cette crise est un fonds de commerce pour des mafias qui contrôlent l’accès aux parkings, et pour les entreprises qui profitent financièrement de l’installation des dispositifs de sécurité sur le port.
Un.e migrant.e qui essaie de s’introduire dans une zone contrôlée par une mafia sans payer, risque de se faire tabasser, gazer ou pire encore...
Les clôtures toujours plus hautes, plus dangereuses à traverser, équipées de barbelés rasoir font beaucoup de blessé.e.s.
Depuis l’appel à délation de la maire de Calais, Natacha Bouchart, un fascisme décomplexé s’enracine dans la ville.
Au mois de février un squat a été ensiégé et attaqué pendant une semaine à Coulogne, un village de l’agglomération de Calais, sous les yeux de la police. Ce n’était que la première manifestation violente autour du groupe Sauvons Calais.
Le groupe patrouille régulièrement dans la ville pour repérer les squats des migrant.e.s et des NoBorders, mais aussi pour repérer et agresser des "pro-migrants" dans la rue.
Des fascistes ont attaqué plusieures personnes durant les dernières semaines.
Illes ont fait au moins une déscente dans un bar dans la Rue Royale, se sont pris à deux NoBorders et un sans-abri présents dans le bar.
En rentrant la nuit du squat Impasse des Salines, une activiste locale a presque été forcée de monter dans une voiture par deux fascistes. Elle a pu se libérer quand une autre voiture est apparue dans la rue.
Samedi passé un activiste NoBorder a été pourchassé par une dizaine de fascistes dans les rue de Calais.
Il y a certainement eu d’autres incidents dont on n’est pas au courant...
Malgré tout la vie continue, et la lutte aussi !
Les expulsions annoncées du squat Impasse des Salines et la jungle sur le site de l’usine Tioxide ont été reportées quelques semaines.
La vie dans le squat continue et se construit de jour en jour. Des migrant.e.s se sont installé.e.s, des activistes d’un peu partout arrivent pour soutenir le lieu et Calaisien.ne.s de tout bord visitent et participent au fonctionnement du squat. Des tentes et des douches ont été installées par Médecins du Monde, la communauté d’Emmaüs Dunkerque passe régulièrement avec de la nourriture, des meubles, des palettes.
La vie dans les jungles continue aussi, dans des conditions précaires. Il y a vraiment beaucoup de mineurs, des femmes parfois avec des enfants de bas age. Sécours Catholique passe avec un mini-bus pour emmener des migrant.e.s aux douches, des NoBorders passent avec de l’eau, Le Réveil Voyageur vient avec un petit déjeuner quelques fois par semaine.
Les associations qui préparent le repas chaud du soir sont aux limites de leur capacité. Au début de 2014 elles distribuaient 200 repas par jour, aujourd’hui plus que 800. Elles ont été expulsées par la mairie du lieu de distribution aménagé et distribuent sur un terrain vague, là ou il y a eu une des rixes hier soir. Mais elles continuent avec une ténacité remarquable.
Donc un appel !
Afflux de migrant.e.s dans la région ne cesse d’augmenter. Ceci nécessite un soutien toujours plus important. Les autorités à tout niveau refusent de prendre leur responsabilité et d’intervenir dans cette crise humanitaire, bien au contraire, elles participent activement dans la dégradation de la situation. Des associations et personnes sur place essaient de palier mais les besoins grandissent. Il manque des moyens et des mains, votre soutien sera toujours apprécié.
La lutte politique pour l’abolition des frontières et contre les politiques migratoires continue aussi. Le squat Impasse des Salines est un lieu de lutte pour le logement et pour le vivre ensemble entre communautés. La gestion demande beaucoup d’énergie de créativité. Toute personne voulant aider à faire vivre le lieu est bienvenue !
La lutte contre le fascisme devient de plus en plus urgente. Les activistes et les associations sur place étant débordé.e.s, il y a peu d’énergie pour assurer leur sécurité et pour mener une lutte antifasciste qui s’attaque au problème d’une manière énergique et dans la profondeur. Donc, antifascistes de partout, VENEZ À CALAIS !!!