Ce mardi 24 mai se tenait le colloque Brussels Real Estate 2022, une petite sauterie rassemblant les PD-G des plus grosses entreprises de promotion immobilière et des décideurs politiques. L’occasion pour tout ce beau monde (la communauté très sélect des urban shapers [sic]) de décider du sort de notre ville, ou, autrement dit, de la manière de se faire le plus d’argent possible sur le dos des habitant.e.s et des quartiers populaires.
Plusieurs collectifs d’habitant.e.s et de militant.e.s pour le droit au logement, à l’environnement et à la ville ont décidé de ne pas les laisser faire. Ils et elles se sont rassembler pour manifester devant le bâtiment où se tenait le colloque en question.
En marge de la manifestation, un petit groupe de personnes s’est introduit à l’intérieur du bâtiment pour perturber le “drink de réseautage” [sic] qui inaugurait la journée des spéculateurs et de leur amis élus. L’équipe de perturbation a réussi à atteindre un ponton qui surplombait le drink et a ainsi pu interagir avec les mangeurs de petits fours : des confettis ont été lancé, des boules puantes ont été éclatées au sol et des alarmes sonores ont été déclenchées. Un texte a aussi été lu au gueulophone, il est reproduit ici :
PROMOTEURS, A VOS TOURS D’AVOIR PEUR
Non, Bruxelles n’est pas le terrain de jeu de votre économie nauséabonde, de votre machine à provoquer encore plus de précarité, d’expulsions, de violences. La vie des habitant.es de cette ville vaut plus que vos placements, vos rendements, vos spéculations boursières qui abandonnent sur le bord de la route les besoins et les désirs de celles et ceux qui vivent ici.
Non, vos résidences standardisées, grillagées, sécurisées ne sont pas la solution aux problèmes de logement que connaissent les familles les plus pauvres de cette ville. Au contraire elles provoquent une ségrégation sociale et raciale encore plus forte entre celles et ceux qui pourront habiter ce que vous vous plaisez à appeler « la ville de demain » et celle et ceux qui n’auront d’autre choix que de déménager loin des centres urbains ou de rester vivre dans des logements de plus en plus insalubres.
Vous nous parlez sans cesse de mixité sociale pour justifier vos projets dans les quartiers populaires, comme à Cureghem. Mais de grâce, si vous tenez tant à la mixité sociale que vous le prétendez, allez plutôt construire des logements sociaux dans les quartiers bourgeois. On verra comment vous serez accueillis. Ah non mince, c’est compliqué, car vous pourriez être l’un ou l’une des voisin.es de ces nouveaux habitant.es ! Cela pourrait vous importuner, vous ne vous tuez quand même pas à la tâche dans vos boulots de merde pour devoir subir ça quand vous rentrez chez vous ! Et puis ça ferait baisser la valeur de vos biens et de ceux de vos ami.es, avouez que ce serait vraiment con quand même...
Nous vous prions de croire que les quartiers populaires n’ont pas besoin de vous ni de vos semblables, bien au contraire. En détruisant ces quartiers, vous détruisez les liens de solidarité qui y existent et qui permettent à tant de famille de garder la tête hors de l’eau. Mais tout ça, vous le savez sans doute déjà, ce qui ne vous empêche pas de continuer à jouer au Monopoly avec la vie des gens. Et pourquoi le refuser, puisque les décideurs publics vous laissent les mains libres. Vous jouez les sauveurs alors que vous êtes des fossoyeurs. Personne n’est dupe, personne ne vous aime. Que vos projets s’effondrent en même temps que vos tours en béton serait le plus beau cadeau que vous puissiez faire à cette ville. On sait que c’est compliqué à penser dans votre logiciel, mais ne vous inquiétez pas, on est là pour vous le rappeler et surtout pour y contribuer. On ne lâchera pas tant que vos projets ne seront pas enterrés.
Allez, ciao, on vous laisse à vos powerpoint. Si jamais, la prochaine fois on essayera d’en faire un pour vous, ça vous aidera peut-être.