Voici un aperçu des attaques nocturnes (dans la région rhénane et ailleurs en Allemagne), alors que l’expulsion avec son lot de violence et de répression étatiques se poursuit dans la forêt de Hambach. Si les raisons d’agir restent la solidarité active avec la lutte contre le projet minier de RWE à Hambach, la plupart des attaques ciblent principalement les entreprises qui ont participé de près à l’expulsion des occupant.e.s de la forêt. Cela nous rapelle forcément, dans une moindre mesure, les attaques enflammées dans la région nantaise au moment de la vague d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame des Landes l’an dernier (par exemple, voir ici et là). D’autres sabotages ont été réalisés en solidarité avec les occupant.e.s de la forêt mi-septembre à Offenbach et en juillet sur les infrastructures ferroviaires de la mine.
Par ailleurs, on a appris le 5 octobre que la justice venait de refuser à RWE l’autorisation de défrichage de la zone. La société minière s’est vengée immédiatement en envoyant ses molosses de la sécurité tabasser des occupant.e.s.
Düsseldorf : attaque incendiaire contre Wasel, collabo des expulsions de la forêt d’Hambach – 4 octobre 2018
Lorsque vous avez expulsé Hambi, coupé ces arbres, détruit ces baraques, lorsque vous arrêtez des gens, foutu nos potes en taule, vous pensiez vraiment que nous n’allions pas nous venger ?
La nuit dernière [entre le 3 et 4 octobre 2018], l’entreprise WASEL a été attaquée, en déposant six engins incendiaires sous autant de véhicules, parce qu’elle met à disposition de RWE ses machines, parce qu’elle rend possible le fait que les flics puissent expulser la forêt, parce qu’elle fait partie de ce système que nous haïssons.
Nous sommes contraint.e.s à vivre dans un monde pourri, dans un monde de gagnant.e.s et de perdant.e.s dans lequel les cartes ne sont jamais mélangées de manière équitable, où les riches s’enrichissent alors que l’écosystème crève. Ça nous rend malades que ça ne change pas. Notre unique réponse à cela est de s’insurger et de lutter, de prouver qu’il y a d’autres choses à faire, en se révoltant et en détruisant tout ce qui nous détruit.
La forêt tombera peut-être, mais nous n’en serons pas. La lutte contre l’autorité et l’écocide n’est pas finie. Il y a des gens avant nous et il y aura des personnes qui continueront de lutter quand nous ne serons plus là. Tant que notre soif de liberté ne sera pas assouvie, celles et ceux qui nous la volent ne seront pas en sécurité.
Carpe noctem [1].
(Traduit de l’allemand de Indymedia-Deutschland, 4 oct. 2018.)
[1] NdT : « Profite de la nuit présente ».
Willich (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) : incendie dévastateur de l’entreprise Boels, responsable des expulsions – 1er octobre 2018
Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre à Willich, l’entrepôt de l’entreprise néerlandaise Boels a été détruit par un incendie dont l’origine volontaire ne semble guère faire de doute. Vers 23h30, les flammes jaillissaient du toit de l’entrepôt de 1.200 mètres carrés dans lequel étaient garées de nombreux véhicules. Les 150 pompiers mobilisés ne sont venus à bout de l’incendie que vers 7h. A côté, l’entreprise Gardemann a elle aussi brûlé : les flammes ont détruit de matériel isolant placé sur deux plate-formes de travail.
Située dans la zone industrielle de Münchheide, la société Boels est spécialisée dans la location de véhicules, notamment de chantier et de terrassement.
Le service à la protection d’État des enquêteurs de la police criminelle de Mönchengladbach a ouvert une enquête et, même si pour l’heure l’incendie n’a pas été revendiqué, il n’exclut pas un lien avec l’expulsion des occupant.e.s de la forêt d’Hambach. L’entreprise en question est connue pour avoir fourni du matériel servant à expulser les opposant.e.s à la mine de charbon de RWE.
L’après-midi même de l’incendie de son entrepôt, la société de location Boels a annoncé qu’elle se retirait de la forêt d’Hambach, justifiant le fait que la sécurité de ses employés n’était plus assurée. Le sabotage paie, une fois de plus.
Le 19 septembre dernier, c’est l’entreprise Gerken qui a décidé de se retirer de la forêt d’Hambach. Jusqu’à cette date, elle avait participé à l’expulsion de la forêt d’Hambach par les flics en fournissant des ponts élévateurs, tout comme Boels. Gerken argue officiellement le fait de ne pas avoir assez de garanties légales quant à l’autorisation de l’avancée du chantier de RWE. Mais peut-être bien que la peur ou le fait de subir des dommages importants par le simple fait de collaborer à l’expulsion l’ait emporté.
(Reformulé de la presse.)
Cologne : attaque du siège du syndicat IGBCE, des secteurs de l’énergie, de l’industrie minière et de la chimie
Dans une lettre adressée à l’organisation syndicale, on apprend que dans la nuit du 1er au 2 octobre, le siège du syndicat situé dans la Aachener Straße à Cologne a été attaquée avec des pierres et de la peinture. Comme bon nombre de syndicats, elle défend le travail et les logiques productivistes de l’énergie écocide.
(Lire la lettre en allemand ici.)
Mettmann (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) : attaque d’Innogy, filiale de RWE
A l’occasion de la journée d’actions décentralisées « Hambi reste ! Abandon du charbon », nous sommes allé.e.s rendre visite au bureau des services de l’entreprise Innogy de la Poststraße à Mettmann [1] en détruisant la façade vitrée avec des pierres. Le gestionnaire du réseau et distributeur d’énergie Innogy, qui est coté en bourse, est une filiale de RWE.
Le géant de l’énergie et plus gros émetteur de CO2 d’Europe RWE exploite la plus grande mine de lignite (charbon) à ciel ouvert d’Europe, dans la région rhénane « ( Rheinische Revier »). Le lignite est le vecteur d’énergie le plus polluant de la planète d’entre tous. Près de 13% des émissions de gaz à effet de serre d’Allemagne s’échappent de cette zone de la « Rheinische Revier ».
Avec près de 80 millions de tonnes de CO2 en 2016, plus de la moitié des émissions de dioxyde de carbone liées à l’énergie en Rhénanie du Nord-Westphalie sont imputables aux quatre méga-centrales de RWE à elles seules, celles de Frimmersdorf, Neurath, Niederaußem et Weisweiler.
Avec 31,4 millions de tonnes de CO2 générée par an, la centrale de Neurath est devenue entre-temps numéro 1 en matière de pollution environnementale en Allemagne, sans compter les émissions des centrales par exemple des usines Fortuna Nord, Ville/Berrenrath et Frechen.
Selon RWE Power AG, l’exploitation de lignite devrait se poursuivre jusqu’en 2045. Plus de 2,5 milliards de tonnes de lignite devraient y être extraites à l’avenir.
Dotée d’un écosystème unique, la forêt de Hambach était autrefois la forêt la plus étendue de Rhénanie et une des plus grandes forêts d’essences mixtes d’Europe centrale. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un dixième de ses 5500 Ha d’origine.
Au cours de ces six dernières années, Hambi est devenu un symbole de résistance et d’espoir pour un monde respectueux de l’environnement, sans domination, vivant et alternatif. Divers acteur.e.s d’initiatives citoyennes locales et des occupant.e.s de la forêt venant de toute l’Europe défendent la forêt en ayant recours à des formes de résistance les plus diverses contre l’exploitant de la mine à ciel ouvert RWE.
Depuis le 13 septembre, l’entreprise énergétique RWE et le gouvernement de Rhénanie du Nord-Westphalie noir-jaune, fournissant des justifications bidons, expulsent désormais les cabanes dans les arbres et les occupant.e.s d’Hambi avec une armada de policiers (il s’agit de la plus grosse opération de police de toute l’histoire de Rhénanie).
Dès la mi-octobre, RWE prévoit de défricher sous protection policière 120 hectares de plus de cette forêt de Hambach vieille de 12.000 ans et de détruire ainsi purement et simplement la majeure partie de cette forêt ancestrale avec toute sa diversité de faune et de flore pour en extraire encore plus de lignite.
Nous disons : Mettons fin à IrRWEg [2]. Pour l’arrêt immédiat du déboisement et l’abandon immédiat de l’exploitation de charbon.
Attaquons RWE, ses filiales et ses fournisseurs ! Pour la justice climatique (sic) maintenant et partout !
Solidarité avec les militant.e.s ciblé.e.s par la répression ! Liberté pour UPIII, Eule et Andrea !
(Traduit de Indymedia-Deutschland, 4 oct. 2018.)
[1] NdT : La ville se trouve à l’est de Düsseldorf et à l’ouest de Wuppertal.
[2] NdT : Jeu de mots avec le nom de l’entreprise RWE. En lui ajoutant Ir- et -g, ça signifie « voie égarée, chemin vers la folie ». Ici c’est donc un appel à la fois à en finir avec cette entreprise et avec la course insatiable à la production de charbon, voir même aux énergies écocides.
Leipzig : attaque incendiaire contre le dépôt de Boels – 25 septembre 2018
En solidarité avec l’occupation de la forêt d’Hambach, des engins incendiaires ont été placés dans le dépôt de Boels au cours de la nuit [du 25 septembre], entre autres sous un pont élévateur. Les équipements de Boels sont directement intervenus pour expulser l’occupation de la forêt. Les groupes électrogènes de l’entreprise terrorisent notamment les militant.e.s et les habitant.e.s non-humains de la forêt en leur volant leur sommeil nocturne.
Les équipements attaqués ne peuvent plus servir à Hambi, Pödelwitz ou n’importe où ailleurs.
Boels a ignoré les protestations de la société civile, et maintenant ils savent la chose suivante : chaque expulsion a son prix, Boels paiera cher !
Il y a des dépôts de Boels dans de nombreuses villes. Jetez y un coup d’oeil.
Solidarité avec tou.te.s les militant.e.s qui s’opposent à la violence de l’Etat et du capital. Surtout avec tou.te.s les prisonnier.e.s !
Another world is possible !
Arrêt immédiat des expulsions ! Hambi reste !
(Traduit de l’allemand d’Indymedia-Deutschland, 25 sept. 2018.)
Flensbourg : comico attaqué en solidarité – 18 septembre 2018
Solidarité avec les personnes qui défendent la forêt d’Hambach – Comico attaqué
Comme signe de solidarité avec les personnes qui défendent la forêt de Hambach, nous avons péter les vitres du commissariat de Neustadt et laissé quelques salutations solidaires cette nuit [du 18 septembre, NdT]. Que ce soit à Flensbourg, à Hambach ou n’importe où ailleurs, la police est omniprésente et cherche à empêcher les gens de pouvoir vivre dignement en liberté. Nous avons un avenir sur cette terre qui vaut d’être vécu.
En fin de compte, ce sont partout les flics qui, matraques (ou pire) en main, défendent ce système absurde, veillent à ce que perdurent l’exploitation et la destruction de l’homme et de la nature pour toujours plus de profit, jusqu’à ce que plus rien ne se passe.
Quiconque prend fait et cause pour une vie en liberté reçoit tôt ou tard le poing de l’agent en pleine gueule. Ne nous laissons pas intimider ! Hambi tiens bon !
Attaquer l’Etat policier signifie défendre la vie !
**************
(Traduit de l’allemand de Chronik, 18 sept. 2018.)
Vienne, Autriche : action à l’ambassade d’Allemagne
Pour la journée d’action du 30 septembre, l’entrée de l’ambassade d’Allemagne à Vienne a été murée en solidarité avec l’occupation de la forêt d’Hambach. Nous avons barricadé l’entrée avec des briques, du ciment et du bois. Par cet acte symbolique, nous exprimons notre attachement à toutes les personnes qui luttent en défendant la forêt en ce moment !
(Traduit d’Indymedia-Deutschland, 5 oct. 2018.)