Trois mois de prison ferme pour du racisme « anti-blanc ». La cour d’appel de Lyon vient d’alourdir la peine d’un jeune de 22 ans, Hakan O., qui avait insulté le passager d’un train, le traitant de « sale blanc, sale Français ». « C’est une condamnation lourde », admet Me Philippe Genin, avocat de la Licra, partie civile pour la deuxième fois dans une affaire « significative » de racisme anti-blanc. « La cour a voulu donner un signal fort : c’est l’une des rares fois où le racisme est sanctionné par de la prison ferme », explique-t-il.
En première instance, le prévenu avait été condamné à une amende de 1500 euros et 500 euros de dommages et intérêt à la victime et à la Licra. « Peu importent les circonstances, le pourquoi et le comment !, s’exclame Alain Jakubowicz, président de l’association. Dans ce domaine, il ne peut pas y avoir d’excuse de provocation. »
Les faits se sont déroulés à bord d’un TER Lyon-Mâcon, le 9 juin 2014. Trois jeunes, qui voyageaient sans billet, sont verbalisés par une contrôleuse. Le ton monte, une altercation s’ensuit, et Christian D., « intervient pour éviter que des violences ne soient commises à l’encontre de l’employée SNCF », rappelle le jugement. C’est alors que le sexagénaire est traité de « sale Français, sale blanc ». Des paroles « à caractère manifestement injurieux, note le jugement, renvoyant directement et expressément à son appartenance à une nation ».
« Même rigueur et même réprobation » pour le racisme anti-blanc
« Détenu pour autre cause à Villefranche-sur-Saône », Hakan O. avait fait savoir à la Cour qu’il refusait son extraction : il était donc absent le jour des débats. Il a également refusé la vidéoconférence. La cour a estimé qu’« il s’agit de tenir compte à la fois de la nature et de la gravité objective des faits commis, mais aussi du comportement réitéré d’un individu qui ne comparaît pas en première instance, et quoiqu’appelant, refuse encore de comparaître » devant les juges d’appel.
« Toutes les formes de racisme sont condamnables, d’où qu’elles viennent et indépendamment de la couleur de peau, de l’origine ou de la religion de la victime, rappelle Alain Jakubowicz. Si le racisme anti-blanc est un phénomène relativement marginal au regard des autres formes de racisme ou de l’antisémitisme, il doit faire l’objet de la même rigueur et de la même réprobation ».