Pédophilie et paraphilie, ou la confusion persistante de Gilles Dauvé
L’article « Ami(e)s pédophiles bonjour » (paru dans La Banquise n° 2 en 1984) n’est pas disponible sur le site de Gilles Dauvé : troploin. On le trouvé cité partiellement dans des textes de Didier Daeninck (4) - dont la probité intellectuelle et politique est plus que sujette à caution - et sur le site Wikipedia (notamment ces deux passages : « combien de meurtres commis par des pédophiles auraient pu être évités, si la pédophilie, " épisode particulier des relations adultes-enfants " était moins dramatisée ? » et : « Un pédagogue libéral américain n’explique-t-il pas que le principal traumatisme que subit l’enfant "victime" d’un satyre provient de ses parents qui en font tout un plat, alors que lui, s’il n’y a pas eu violence, aurait plutôt tendance à s’en foutre ? » Si tout l’article était reproduit sur le Net par son ou ses auteurs, plutôt que ces interrogations provocatrices propices aux pires accusations, il serait plus facile d’avoir un jugement équilibré. Mais une certaine ultragauche préfère se réfugier dans sa tour d’ivoire...
Malheureusement, il semble que cette confusion ultragauche face à la pédophilie continue à sévir aujourd’hui comme en témoigne le texte signé en 2001 par J.-P. Carasso, G. Dauvé, D. Martineau et K. Nesic sur les rapports entre adultes et enfants intitulé « Autre temps », mais dont on ne trouve bizarrement sur le Net qu’une version abrégée en anglais et signée du seul Dauvé « Alice in the monsterland » http://libcom.org/library/alice-monsterland-troploin.>
Pour éviter toute mésinterprétation, nous reproduirons des extraits du texte de Dauvé en anglais puis notre propre (re)traduction en français : « The question : What would become of child-adult relation in "communism" ?, can only be answered by questioning the question. Marx opposed ideal Utopian plans (which often contained illuminating insights) with the critique of the existing social and mental order : critique of philosophy and Law, critique of the Jewish question, critique of economy... Any present solution to the problem is wrong, because it is based on "child" and "adult" as they are currently defined. All we know is that a child is not a miniature adult. An insurmountable difference separates and binds them. » Soit en français : « A la question : "Que deviendront les relations entre les enfants et les adultes sous le ‘communisme’ ?" on ne peut répondre qu’en remettant en cause la question elle-même. Aux plans idéaux des utopistes (plans qui comprenaient souvent des intuitions fulgurantes) Marx opposait la critique de l’ordre social et moral existant : la critique de la philosophie et du droit, la critique de la question juive, la critique de l’économie... Toute solution actuelle au problème est erronée. Tout ce que nous savons c’est qu’un enfant n’est pas un adulte en miniature. Une différence insurmontable les sépare et les relie. »
Il est pour le moins étonnant que 2500 ans de réflexion philosophique et anthropologique (de Socrate à...Dauvé) n’aboutissent qu’à un résultat théorique aussi maigre (« un enfant n’est pas un adulte » !), et qu’il nous faille de surcroît attendre patiemment l’avènement d’un hypothétique communisme mondial pour prendre une position claire sur la pédophilie sous prétexte que nous serions tous des « paraphiles » (traduire : des partisans de pratiques sexuelles non reconnues par la morale dominante)... Où l’on voit que le contenu réel du radicalisme hypercritique des « provocateurs » de La Banquise est toujours aussi superficiel. Leur élitisme ne peut qu’entretenir la confusion. C’est ainsi que Dauvé écrit : « This society holds as a principle that sexual consent on the part of a child is not valid, because he can’t know what he really wants and needs. But his needs and wants are considered valid when they concern his right to buy and enjoy. » (« Cette société considère, par principe, que le consentement sexuel d’un enfant n’a aucune validité parce qu’il ignore quels sont ses désirs et ses besoins. Mais ceux-ci sont considérés comme valides lorsqu’ils concernent son droit à prendre du plaisir en achetant. »)
Pas étonnant que les Banquisards aient publié en 1983 un texte intitulé « Le roman de nos origines » et non « Une analyse critique de nos origines », bilan qui aurait été et serait pourtant fort utile aux jeunes générations exposées à toute la propagande conspirationniste, antisémite, citoyenniste, nationaliste, tiersmondiste sur le Net.
http://mondialisme.org/spip.php?article1960