Dimanche 16 décembre 2018... une banale contre-manifestation pour « un dimanche noir » -pour reprendre Arthur dans son article pour Al Bruxelles.
Là je me suis bien fais avoir. Ca faisait une semaine que le mot circulait : « Rassemblement Antifa dimanche à 11H au parc Maximilien près de la gare du Nord pour faire barrage à la manifestation fasciste de 14H qui risque de s’en prendre directement aux migrant.e.s du parc.... ».
Le jour suivant nous apprenons que tout rassemblement sera interdit dimanche.
Les organisateur.ice.s de la manif fasciste ont contesté cette interdiction et, pendant la nuit de samedi à dimanche qui devait précéder la manif, le Conseil d’état à statué et autorisé in extrémis la manifestation « statique » à... Schuman !
Entre-temps, de notre côté, le rassemblement Antifa, sans demande d’autorisation bien sûr, s’est transformé en « Marche contre le racisme » protégée de part et d’autre par la police.
Les fachos ont donc réussi à manifester à Schuman, en plein cœur de l’Europe, zone interdite de manifestation au GJ depuis le début. Et nous on s’est retrouvé dans une marche pour la paix, ou quelque chose comme ça qui sonne bien, complètement nassés par les flics.
On est descendu par un petit boulevard où j’ai marché au devant du cortège pour rejoindre je ne sais qui mais quelque un.e.s qui me donne un peu l’impression de pas être seule à pleurer dans cette foule bienheureuse. Je suis tombée sur des antifas italien.ne. bien remonté.e.s mais bien peu nombreu.ses.x.
Derrière c’était la fête... la fameuse Samba, musique sans parole. C’est chouette la musique mais on entend pas beaucoup de slogans du coup. Pas beaucoup de chants. Pas beaucoup de possibilité de créer des pratiques de luttes, des revendications, ...Tout le monde peut écouter ce qui se passe au lieu de faire en sorte que quelque chose se passe. Bref moi je dis "vive la samba" (ils sont sympas) mais ça serait super qu’iels servent un peu plus de support à une certaine parole radicale. Qu’il y ait de la place pour toutes les formes de luttes et qu’elles se soutiennent l’une l’autre.
Arrivés au parc un petit groupe a pris la parole. Oui je sais je suis trop chiante mais bon je le dis quand-même à cet ordinateur (parce que évidemment, je me suis bien dis que j’aurais du le dire directement et leur piquer leur micro violemment en gueulant mais bon, comme je ne sais pas faire ça je l’écris après coup) : Arrivé au parc donc, celleux qui ont pris le micro ont remercié la foule d’être venue si nombreuse ! :
« Merci !!! Merci d’être là ! On est plus nombreux et plus chauds que les fachos !!!! Ouais ! Vive Facebook ! » J’ai eu l’impression d’être devant des stars en exaltation.
Oui oui, ne dis pas, toi qui était là aussi, que tu ne l’as pas entendu. Le message était clair. « On a gagné et vive Facebook ! »... Discours non seulement faux -perso FB n’a rien à voir avec ma présence- mais en plus c’est juste "un rien" contre révolutionnaire. Les médias alternatifs comme Indymédia n’existent plus dès lors qu’on en parle plus et c’est de la responsabilité des militant.e.s de soutenir celles et ceux qui sont nés pour leur permettre de s’exprimer. Mais non, la lobotomie est entamée. Certain.e.s se comportent comme les élus du peuple et je n’ai pas l’impression que ça pose beaucoup de problèmes.
En plus on est pas du tout plus chauds que les fachos et, après avoir appris qu’ils étaient trois fois plus nombreux que nous on se doit vraiment de dénoncer les auto-satisfactions contre productives et prématurées.
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