Plusieurs associations contre l’antisémitisme ont dénoncé cet évènement, notamment à cause de la venue d’Ibrahim Bham. Ce prédicateur sud-africain a déjà comparé Juifs et Chrétiens à des adorateurs de Satan. Il a aussi cité Goebbels pour assimiler les Juifs à des puces.
La FOA est dirigée par Ismail Patel, qui est également porte-parole de l’association British Muslim Associative (BMA). La BMA est dirigée par Mohammed Sawalha, ancien chef militaire du Hamas, reconverti en défenseur du Hamas au Royaume-Uni et en organisateur de flottilles pour Gaza au profit du Hamas. Ce n’est pas le seul lien entre la FOA et le Hamas. Une rencontre officielle a eu lieu entre Ismail Patel (à droite) et Ismail Haniyeh (à gauche), leader du Hamas.
En 2009, lors d’une manifestation pro-palestinienne, Ismail Patel déclare :
La FOA a également été épinglée pour avoir partagé des articles du négationniste Paul Eisen et de Gilad Atzmon. En 2015, la FOA fait un chèque de 10 000 livres pour Jeremy Corbyn.
C’est donc à la Palexpo 2017 organisée par la FOA que s’est rendu en conférencier vedette le célèbre prédicateur Tariq Ramadan. Il a commencé son intervention par remercier chaleureusement la FOA, en appelant les musulmans à prendre exemple de cette organisation pour exprimer leur point de vue.
Selon lui, les musulmans parlent de la Palestine de façon trop émotive, pas assez factuelle, pas assez politique. Il critique ensuite les personnes qui réduisent le conflit israélo-palestinien à un conflit de religion… c’est à dire selon lui les « personnes islamophobes », les « sionistes », mais jamais le Hamas, alors que son caractère religieux est inscrit dans sa Charte. Il est également habile de la part de Tariq Ramadan de conseiller à ses troupes de ne pas parler de religions dans ce conflit, afin d’éviter les diatribes antisémites qui ont caricaturé tant de supporters ou de militants du Hamas.
Il insiste sur la fait que selon lui c’est un conflit international, avec avant tout « une réalité économique connectée avec des corporations transnationales ici et là-bas, donc le soutien que nous avons de lobbys et de sionistes n’est pas politique, mais concerne l’argent, le business ! Le système néolibéral a les mêmes corporations qui soutiennent la sécurité en Israël et dans notre pays ! Des israéliens entraînent des britanniques ! ». Dans le même registre, Tariq Ramadan avait déjà affirmé de façon conspirationniste que l’insécurité dans les affaires de bavures policières était favorisée dans un objectif financier bénéficiant aux sociétés de sécurités. Ici, il s’agirait plus précisément de « corporations internationales israéliennes ».
Il fait le parallèle entre la condition des Palestiniens et le "féminisme intersectionnel" : il y a plusieurs facteurs à prendre en compte (international, sécuritaire, et économique avec les corporations).
Tariq Ramadan fustige la comparaison qui est faite entre les attaques en Israël et celles en Angleterre. Il ne s’agirait pas de terrorisme dans le premier cas… : « comme si al-Qaïda était comme le Hamas ou la résistance palestinienne, en disant que ce sont tous les terroristes ! Ce qu’on dit est qu’on condamne le terrorisme, mais qu’il y a une résistance légitime au terrorisme d’état ». Il dénonce « Cette façon de jouer avec le mot terroriste : hier tu étais un terroriste, aujourd’hui tu es un combattant de la liberté ! Comme ils ont fait avec Mandela ! ».
En décembre 2014, sur le plateau de LCI, Tariq Ramadan avait déjà affirmé que le Hamas n’est pas un mouvement terroriste, en le comparant au parti sud-africain de Nelson Mandela, l’ANC. Il avait également condamné le meurtre d’innocents, tout en louant la « résistance » du Hamas… qui passe pourtant bien par le meurtre d’innocents. Tariq Ramadan avait également minoré avec un sens aigu de l’euphémisme leur objectif de destruction de l’état d’Israël : le Hamas ne le désirerait « plus de la même façon ».
A la Palexpo, Tariq Ramadan appelle enfin à être plus « puissant » pour défendre la Palestine, en ayant notamment « plus d’intellectuels et de paroles académiques », de façon à avoir beaucoup plus de présence médiatique. Il décrit les médias mainstream comme frileux et trop susceptibles de l’accuser d’antisémitisme « alors qu’il ne le serait jamais ».
Pour conclure, il affirme que « la campagne BDS est notre dignité » : « si vous achetez chez eux, c’est que quelque chose manque dans votre humanité ! ».
Carla Parisi
Rappel : le Hamas se définit comme un mouvement puisant ses principes dans le Coran, et se battant au nom de l’Islam, avec pour objectif de détruire Israël. Sa charte a de nombreuses références et propos antisémites, et cite notamment Les Protocoles des Sages de Sion. Ses combattant ont pris pour cible aussi bien les militaires que les civils israéliens, à l’aide de roquettes mais aussi d’attentats suicides. Le Hamas est classé comme terroriste aux Etats-Unis, en Union Européenne, au Canada, au Japon, en Egypte,... et est banni en Jordanie.