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Restons optimistes !

posté le 13/01/18 par OCL Poitou Mots-clés  luttes sociales 

Restons optimistes !

A coup sûr, c’est la décision du gouvernement concernant Notre-Dame-des-Landes, avec les conséquences qu’elle entraînera, qui va marquer profondément l’actualité des prochains mois.

Le rapport des médiateurs souligne deux gros inconvénients qu’il y aurait à abandonner le projet initial – la construction d’un nouvel aéroport – pour se replier sur l’agrandissement de l’aéroport existant à Nantes. D’une part, le non-respect du résultat du référendum réalisé le 26 juin 2016 sur la question, et par conséquent à leurs yeux un déni de démocratie ; d’autre part, dans le même esprit, un décision allant à l’encontre des vœux de la majorité des élus locaux.

Or, la démocratie, les dirigeant-e-s s’en foutent, et les élu-e-s locaux du genre Jean-Marc Ayrault, ils ont leur avenir derrière eux, ce sont des has been aux yeux de Macron. Le Drian l’a bien compris, qui vient de tourner casaque !

Les dés sont donc jetés en ce qui concerne la décision strictement aéroportuaire. Mais il y a le « reste », et ce reste qui nous intéresse et nous concerne au premier chef, c’est : « Que va-t-on faire de la ZAD ? » Des voix multiples venues de la presse, des rumeurs policières, des déclarations d’hommes et de femmes politiques, tout en réclamant à cor et à cri le retour immédiat à l’ordre et au droit, évoquent la perspective d’une véritable guerre, genre Vietnam pour parler aux plus anciens. Une guérilla que compteraient mener des occupants « violents » prêts à tout et même à mourir, et qui, à cause des indécisions du gouvernement précédent, auraient eu tout le temps de s’y préparer militairement en confectionnant avec les moyens du bord des instruments sophistiqués de défense. Face à ce déferlement de fantasmes, des occupants ont, à juste titre, répondu que la force et l’âme de la résistance seront les dizaines de milliers de gens qui, de la région ou de tout l’Hexagone, se sont mobilisés au cours des années passées et demeurent disposés à défendre la ZAD, sur place ou par des actions décentralisées.
Il y a là à la clé le risque pour le pouvoir de produire une crise politique majeure. Le veut-il ?
Ayant pour l’instant le vent plutôt en poupe, il n’est pas certain que Macron tente une telle aventure, mais quoi qu’il en soit nous devons anticiper, ne pas nous laisser surprendre, remobiliser autour de cette question toutes celles et ceux qui ont ressenti de la frustration, après la faiblesse de la mobilisation contre la loi travail, et qui pourraient tenir là une occasion de revanche.

C’est tout l’enjeu de la manifestation prévue le 10 février prochain, qui devra montrer que l’affrontement est avant tout politique, même si des aspects « militaires » s’y mêlent.
Un mois pour réactiver les comités de soutien, remobiliser les réseaux, informer encore et encore sur le sujet…
Comme nous l’avons souvent répété, nous ne sommes pas face à une simple question d’avions : nous sommes contre l’aéroport ET son monde. Il ne s’agit pas non plus seulement pour nous de légitimer des initiatives alternatives sur le terrain, ni de faire croire qu’on pourrait construire un îlot communiste sur quelques hectares, mais de faire appaître le sens politique de l’affrontement contre un Etat qui fait flèche de tout bois dans la mise en place d’une gestion de plus en plus bonapartiste en renvoyant les pauvres dans les cordes (voir pp. 15-17 dans ce numéro) et en engraissant les riches. Un Etat qui installe une république policière modernisée et adaptée aux nouvelles formes de développement du Capital, adossé à la mondialisation ainsi qu’à la cybernétique et aux technologies dites « nouvelles ». NDDL est un point focal qui doit être envisagé comme une possibilité de faire plus ou moins reculer le gouvernement. C’est d’ailleurs ainsi que lui-même l’entend.

La brèche envisageable ouvrirait des portes vers d’autres possibles pour l’instant dans l’impasse, comme les luttes menées contre la loi travail, évidemment, mais aussi contre le nucléaire (voir pp. 23-25). Cela permettrait à la base de la société de relever la tête et de ne pas se laisser confisquer des questions dites « de société » (telles que les rapports hommes-femmes/harcèlement, voir pp. 4-7 par les politiques, les people, les universitaires.
Sachons également tirer quelques leçons : si les choses ne vont pas comme nous le voulons, ce n’est pas seulement à cause de traîtres, de salauds, de réformistes, de politiciens véreux ou non, de récupérateurs… c’est aussi parce que nous ne sommes pas assez attentifs aux mécanismes de reproduction de la domination. Et le pouvoir, quel qu’il soit, sait s’y prendre pour les mettre en marche, ces mécanismes. Par exemple, comment échapper, à la ZAD, au retour de la notion de propriété, qui pourrait être le coin enfoncé dans la solidarité ? Mais restons optimistes !

La ZAD n’est pas à eux !


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