Dimanche dernier (21 juin), une quarantaine de militant·e·s se sont donné rendez-vous devant les centres fermés Caricole et 127bis à Steenokkerzeel pour manifester leur soutien aux personnes enfermées et exiger la fermeture de ces lieux de détention.
Alors que le monde se soulève face au racisme institutionnel, l’enfermement en centres fermés ne semble pas interpeller le gouvernement. Cette pratique raciste perdure depuis plus de 25 ans : une politique répressive qui contrôle, rafle et tue. Semira Adamu, il y a plus de 20 ans, est devenue la figure de la violence des politiques de détention et d’expulsion. À l’instar de George Floyd, Semira est morte étouffée par la police. Son agonie aura duré 11 minutes. On ne compte plus les tentatives d’expulsions qui se sont soldées par des insultes racistes et des tabassages systématiques.
Arrestations ou expulsions, le même système raciste est à l’oeuvre: George Floyd aux États-Unis, Adama Traoré en France, Semira Adamu en Belgique, et tou·te·s les autres, l’histoire se répète, et partout elle se ressemble.
Beaucoup de ces détenu·e·s sont dans ces centres fermés depuis de nombreux mois, plongé·e·s dans l’angoisse quant à leur durée de détention. Iels redoutent une expulsion qui peut leur être imposée à tout moment, dès que les frontières ouvriront. Iels ont traversé la crise sanitaire mondiale du Covid-19 dans des conditions abominables. Presque aucune mesure d’attention sanitaire n’a été prise. Leurs droits ont continué d’être bafoués, et leurs voix étouffées. Sous prétexte d’une situation administrative qualifiée d’irrégulière, l’État belge mène une politique migratoire déshumanisante et raciste, à l’abri des regards, puisque les centres fermés ne sont pas accessibles, notamment aux journalistes.
« Sophie Wilmès parle des animaux domestiques lors de ses conférences de presse, mais elle n’a jamais parlé de nous, dans les centres fermés. Le gouvernement accorde plus d’importance aux chiens qu’à nous, humains. » (une personne détenue au centre fermé Caricole)
La persécution institutionnalisée subie par les personnes non blanches ne se matérialise pas uniquement au travers de la police. Les lieux d’enfermement - dont les centres fermés - sont aussi un des maillons de la répression.
« On est traités comme des animaux. Le personnel nous provoque continuellement.
Aucun respect, pas de bonjour, pas de s’il vous plaît, pas de au revoir. Dès qu’on demande quelque chose, on nous menace. La nourriture est infecte et insuffisante. Quand on demande pourquoi on est traités comme cela, on nous répond systématiquement : c’est la loi. » (une personne détenue au centre fermé 127bis)
Pourtant, à l’intérieur, les personnes s’indignent et se révoltent. Des grèves de la faim sont très souvent menées. Des détenu·e·s appellent chaque jour pour alerter de leur situation.
« On a vu les manifestations contre le racisme à la télévision. 10 000 personnes ! Ca fait chaud au coeur. Nous aussi, on aimerait pouvoir manifester avec vous. Nous aussi, à l’intérieur des centres, on subit beaucoup de racisme. » (une personne détenue au centre fermé Caricole)
En ne disant pas, nous nous rendons complices. De même qu’en taisant les violences policières, nous cautionnons leur perpétuation, en taisant l’enfermement et la persécution des personnes non blanches, nous contribuons à les rendre possibles. Aujourd’hui, nous déboulonnons les statues des bourreaux colonisateurs ; demain, vidons et détruisons tous les centres fermés. Comme le scandaient les militant·e·s lors du rassemblement de ce dimanche : « brique par brique, pierre par pierre, détruisons toutes les frontières ! ».
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