Si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l’être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l’on fait ? C’est que cette femme préférera la liberté à l’asservissement.
François Hollande
Ben mince alors, moi qui pensais être une femme française, musulmane, forte et libre… J’attends avec impatience que ces hommes blancs viennent m’offrir les conditions de mon épanouissement. Je les imagine m’offrir l’égalité homme-femme, l’inéligibilité des élus en cas de condamnation pour violences (type violences conjugales, agressions sexuelles…), des investissements dans la lutte contre le harcèlement, etc… Bref, tout ça quoi.
Et surtout, en attendant de régler ces problèmes de premier ordre, parlons de cette personne nommée Islam, qui cherche à s’imposer partout…
La liberté à la Hollande
Monsieur, étant tout-puissant, décide qu’on ne peut être libre avec un voile sur la tête. Cela pour des raisons évidentes : ça empêche de réfléchir, ça ne vient pas de notre culture française, ça empêche de se laver les cheveux, ça ne vient pas de notre culture française, c’est moche, ça ne vient pas de notre culture française, et pour d’autres raisons définies par le CDHB (Conseil Des Hommes Blancs en manque de popularité qui suivent une logique paternaliste, colonialiste et stupidiste).
C’est hyper drôle cette manière qu’ont les hommes de s’arroger le droit de définir, tout ça pour notre bien, évidemment, les conditions de notre épanouissement personnel et de notre émancipation, tout en contrôlant, au passage, notre façon de nous vêtir.
Selon le Conseil de l’Europe, « l’islamophobie peut se définir comme la peur, ou une vision altérée par des préjugés, de l’islam, des musulmans et des questions en rapport ».
Et donc considérer qu’une femme voilée n’est pas vraiment une Française, ne correspond pas à cette définition ? J’attends…
Non seulement il remet en question l’appartenance même de ces femmes à la nation française (n’hésitez pas à lui envoyer vos pièces d’identité pour justifier votre nationalité), mais il perpétue l’image des femmes musulmanes comme étant intrinsèquement soumises. Si au plus haut sommet de l’État, on se permet ce genre de commentaire, pourquoi un.e citoyen.ne lambda s’en empêcherait ?
Il est l’expression ultime de ce qui se passe partout en France. Les langues se délient et malheureusement, cela s’accompagne d’un accroissement du nombre d’agressions et de discriminations à l’encontre des musulman.e.s.
Le combat de Monsieur Valls : le chômage le voile
Le voile qui interdit aux femmes d’être ce qu’elles sont doit rester pour la République un combat essentiel.
Manuel Valls
Et dans la lignée de notre cher président, on retrouve notre premier ministre. Le premier n’a pas nommé le second pour rien. Il faut bien qu’une personne se charge de dire clairement ce que notre président n’a pas osé dire pendant la majorité de son mandat.
Ce qui est drôle avec notre cher ministre, c’est qu’il n’est pas du tout dans l’hypocrisie. Il tient ce genre de propos puis après s’étonne :
L’Islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames dont vous êtes victimes.
Comment peut-on s’étonner qu’il y ait une montée des discriminations et des stigmatisations lorsqu’on contribue à ce climat et que l’on soutient des mesures discriminatoires ? N’est-ce pas vous, cher premier ministre, qui avez soutenu les maires ayant interdit le burkini ? N’est-ce pas vous qui étiez favorable à l’interdiction du voile à l’université ?
Faire la liste de vos propos sur l’Islam et surtout sur le voile prendrait trop de temps vu le niveau de votre obsession. Du coup, juste un conseil, commencez par régler vos propres problèmes d’incompréhensions vis-à-vis de l’Islam mais aussi de la Constitution et revenez ensuite essayer de convaincre les autres.
Ces propos de François Hollande et Manuel Valls témoignent de leur hypocrisie, de leur manière de stigmatiser les musulman.e.s à des fins électorales et de leurs comportements paternalistes envers les françaises musulmanes.
Cependant, face à ces propos, il s’agit aussi de questionner notre responsabilité en tant que citoyen.ne.
1. Connaître nos droits et notre histoire
Pour faire face à l’injustice, il faut déjà la reconnaître. Pour cela, connaître ses droits est primordial. Combien de femmes se sont trouvées face à une interdiction arbitraire de porter le voile au travail ? Combien de femmes ont reçu des remarques racistes de la part de professeur.e.s d’université parce qu’elles portaient le voile ?
Connaître nos droits oui, mais aussi l’histoire, notamment l’origine des termes qu’on nous envoie à la figure à chaque fois qu’on dénonce les discriminations. Par exemple : la notion de Laïcité. Elle sert de justification à de nombreuses mesures discriminantes, mais c’est en connaissant son origine et son but premier que l’on peut efficacement dénoncer ses dérives.
2. Dénoncer ces comportements et agir en faisant appel à la justice
À partir du moment où on connaît nos droits, on peut dénoncer leur non-respect. Cependant, il ne s’agit plus de seulement s’insurger lorsque cela arrive. Si nous en avons la possibilité, il faut agir, c’est notre devoir. Comment la situation va-t-elle changer si personne n’est prêt à demander le respect de ses droits ?
Aujourd’hui, plusieurs solutions s’offrent à nous :
– signaler les propos, contenus ou actes islamophobes
– porter plainte
– soutenir les organismes luttant contre l’islamophobie
– relayer les informations liées à cette question-là
De plus, différents organismes existent pour nous soutenir dans ces démarches juridiques, comme le CCIF, dont la mission est de combattre l’islamophobie. On n’a pas de solution miracle face à l’islamophobie. Cependant, ce qui est sûr, c’est que l’inaction n’a jamais apporté rien de bon.
A nous d’être exigeant.e.s envers nos politiques pour que leurs propos ne restent pas sans conséquences. Comment ?
En votant pour celui ou celle qui représente vraiment nos valeurs, je ne suis pas pour la politique du « moins pire ». Ce n’est pas cela qui va nous faire avancer. Au mieux, cela nous fera stagner, au pire, nous enlisera dans une logique d’exclusion loin des valeurs d’égalité, de liberté et de fraternité que nous sommes censées porter.
En faisant entendre nos voix : prenons nos mots et portons-les à travers un engagement politique, des écrits dans les médias ou encore sur les réseaux sociaux.
Dénonçons les injustices et soyons leaders en portant un nouveau récit. Un récit fraternel qui permet de nous projeter ensemble et de faire face aux défis de demain.