Communiqué de presse - 18 décembre 2020
© Chloé Thôme (photo)
Depuis 16h, une dizaine de collectifs et d’associations - de personnes sans-papiers, d’acteurs du droit au logement, d’habitant·e·s de Saint-Gilles et de Bruxelles - occupent l’ancienne clinique Antoine Depage (à Saint-Gilles), propriété du CPAS de la Ville de Bruxelles. Cette action de “réquisition solidaire”, sous le nom "Hospitalière" vise à offrir un toit à des personnes mal-logées et sans-logis, ainsi qu’à revendiquer le droit au logement et à des papiers pour tou·te·s. Les autorités communales ont d’ors et déjà été contactées et les collectifs espèrent pouvoir signer rapidement une convention avec le CPAS.
Une quarantaine de personnes occupent actuellement le bâtiment et les soutiens se sont progressivement rassemblé devant. Les personnes présentes veillent au respect des règles sanitaires (port du masque, distanciation et distribution de gel). La police était présente sur place et est ensuite partie. La situation est stable à présent.
Les collectifs espèrent pouvoir signer rapidement une convention avec le CPAS de Bruxelles, propriétaire du bâtiment. Celui-ci est vide depuis un an et n’a toujours pas fait l’objet d’un permis d’urbanisme (pour la conversion en logements). La mise à disposition - jusqu’au début des travaux - pour un projet solidaire est donc facilement envisageable. Autre problématique soulignée par les occupant·e·s : "le bâtiment vient d’être mis en vente publique. Un comble ! Cette propriété publique constitue pourtant la meilleure chance d’en garantir un usage social pérenne, notamment pour répondre aux besoins criant de la population en matière de logement".
L’objectif de cette occupation est de pouvoir créer un espace dédié à l’hébergement et à l’accueil de personnes sans-logis et de personnes sans-papiers, tout en offrant des espaces d’auto-organisation pour revendiquer des mesures pour garantir une vie digne pour tous et toutes, notamment l’application du droit au logement et la régularisation de tou.te.s les sans-papiers. Face à l’incapacité des pouvoirs publics d’apporter des réponses suffisantes et structurelles à la crise sociale et sanitaire, les collectifs et associations de se sont organisés avec leurs moyens.
"Se loger est un droit fondamental. Un moratoire sur les expulsions ne suffit pas. La réalité, c’est qu’aujourd’hui à Bruxelles, il y a plus de 4800 personnes sans-abri et mal-logées, avec ou sans-papiers, réfugiées, expulsées, réprimées par la police, à la rue ou entassées dans des logements non adaptés, trop chers, ou des abris saturés. Alors que nous sommes en pleine vague de froid et de covid, il y a encore des centaines de personnes qui dorment dans la rue. Et pourtant, il y a 6,5 millions de mètres carrés vides en Région bruxelloise et des milliers de meublés touristiques type AirBnB vides.” explique Lina, une des participantes à cette action de réquisition solidaire. “Si les pouvoirs publics n’offrent pas rapidement des solutions indispensables - comme la régularisation des personnes sans-papiers, le maintien en logement / le relogement en cas d’expulsion, la baisse des loyers, la réquisition de bâtiments vides -, nous devons nous organiser nous-même, en occupant - par exemple - des bâtiments afin de pouvoir loger des familles.”
Mamadou, travailleur sans-papiers qui occupera le bâtiment rajoute : “Le confinement a exacerbé la situation déjà très difficile dans laquelle vivent des milliers de personnes en Belgique. Les personnes sans-papiers sont déjà particulièrement précarisées par l’absence de droit, de reconnaissance et de statut. De plus, un grand nombre d’entre elles n’ont plus pu travailler à cause du confinement. Les dizaines de milliers de personnes sans-papiers de Belgique font partie des personnes complètement oubliées de la crise sanitaire.”
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