Les organisations des luttes de l’immigration, des quartiers populaires et de l’antiracisme politique savent que la droite, et en particulier l’extrême droite, servent toujours d’alibi pour masquer le racisme de gauche. Récemment est paru un article de blog qui décortique les récentes saillies racistes des milieux d’extrême gauche face à une visibilité nouvelle de l’antiracisme politique. L’auteur y décrit remarquablement comment plutôt que de s’en prendre directement à l’immigration en tant que telle, comme c’est le cas avec les idéologies de droite, le racisme de gauche prend le détour supposé plus respectable de s’attaquer aux antiracistes (autonomes). Ainsi, là où les premiers assument de vouloir nous exclure de la nation, les autres, à gauche, s’échinent plutôt à nous exclure de la politique.
Or si on se réfère à la célèbre citation de Sayad selon laquelle « exister c’est exister politiquement », on comprend que les attaques pleines de rage d’une certaine extrême gauche qui invite les racisés à s’en aller de la politique participent en fin de compte à nous exclure également de la nation, comme le souhaitent les droites. Quelle est alors le sens de cette exclusion ? Il s’agit de nous construire/reproduire/maintenir comme corps illégitimes, puisque physiquement nous allons rester dans ce pays. Il s’agit donc surtout d’une exclusion symbolique (pour l’instant…).Et qu’est-ce qu’un corps illégitime ? C’est celui sur lequel peut s’exercer une violence qu’on ne se permettrait pas sur un corps légitime. Celui à qui on peut faire subir l’humiliation de se dévêtir à la plage, que l’on peut blesser, tuer sans raison, sans avertir la famille, parce que de toutes les façons sa vie vaut moins que celles des véritables humains.
Voici donc la position dans laquelle droites et gauches souhaitent nous maintenir. Les premiers car ils nous pensent inassimilables, les autres car ils entendent mener à notre place un combat contre le racisme que nous ne saurions mener seuls, non seulement par incapacité, mais aussi parce que cela serait dangereux pour l’antiracisme lui-même, dans la mesure où nous sommes, selon eux, particulièrement réactionnaires. On a notamment pu voir, publier sur des sites d’extrême gauche, un texte (parmi tant d’autres…), véritable archétype du racisme de gauche, qui invite les « racialisateurs », à s’en aller, et donc à abandonner la lutte politique que leurs théories ne feraient que salir. Or, sachant que l’une des particularités de l’antiracisme politique est d’être mené par les racisés, ce sont bien ces derniers qui sont, une fois de plus, inventer à s’en aller. Il s’agit là du vocabulaire raciste de base (« allez vous-en », « cassez-vous » etc) qui, mélangé à du bavardage sur la « lutte des classes » passe pour une « réflexion critique sur le racisme » dans certains milieux (voir note en fin d’article pour plus de précisions).
Bref, après cette longue introduction, place à un ensemble de pancartes que j’avais réalisées initialement sur facebook. Dans la continuité des critiques émises de longue date par l’antiracisme autonome, elles ont pour but d’attaquer des expressions banales du racisme post colonial, prenant simplement les atours de la pensée émancipatrice de gauche. Les pancartes sont organisées de la façon suivante : 1) racisme en général 2) négrophobie 3) islamophobie. Et comme chaque pancarte peut se comprendre toute seule, n’hésitez donc pas à vous en servir à votre guise!
https://joaogabriell.com/2016/09/23/leracismedegauchecestanalyse-et-toutes-les-pancartes/