«Pour ma part, je peine à oublier le comportement pervers et manipulateur de Zoubeyr. Et je pense que d’autres femmes espèrent comme moi qu’il en sera un jour puni»
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En effet, dans le sillage d’autres femmes, d’autres célébrités, elle décide de donner une vraie identité au pseudonyme arabe «Zoubeyr» qui, excusez du peu, ne semble pas être le choix du hasard. Au risque de paraître un temps soit peu vulgaire, il faut savoir que dans le dialecte arabomarocain, on utilise trivialement le terme «zoub» pour dire «zizi». Ainsi le pseudonyme «Zoub-eyr» prend une signification toute particulière. Vraiment désolé pour cette précision qui paraît de mauvais goût et qui a, par ailleurs, toute sa signification dans cette ambiance lourde de conséquences où les affaires d’agressions sexuelles, s’étant tues un temps, se succèdent et se ressemblent : des hommes, de toutes religions, de toutes philosophies, qui se sentent tout-à-coup tout-puissants, de part leurs statuts de premiers rangs (politiques, financiers, professionnels, religieux, ...), abusent en toute impunité des corps de femmes, les condamnant, pour toujours, au silence, à la culpabilisation permanente dans un milieu social peu attentif aux souffrances de ce genre ; les condamnant parfois à commettre l’irréparable contre elles-mêmes pour échapper, mortellement, au déni et au dénigrement.
Ainsi, ce qui devait arriver arriva : ce matin, l’auteure Henda Ayari a posté, sur son compte Facebook, ce message : «J’ai été victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années. Je n’ai jamais voulu donner son nom, car j’ai reçu des menaces de sa part si jamais je le balançais. J’ai eu peur. Je lui ai consacré un chapitre entier de mon livre. Beaucoup de gens m’ont contacté pour avoir mon témoignage car ils l’avaient deviné. Je le confirme aujourd’hui. Le fameux Zoubeyr, c’est bien Tariq Ramadan». Un choc psychologique pour certains. Un ouf de soulagement pour d’autres qui attendaient ce moment depuis bien des années. Dans la foulée, l’auteure dit avoir décidé dès aujourd’hui de «déposer plainte contre Tariq Ramadan». Désormais, la Justice Française est la seule à pouvoir établir (ou pas) la vérité des faits, recouper les témoignages et prononcer, le cas échéant, les sanctions que prévoit le Code Pénal. Cela permettrait à d’autres femmes de briser à leur tour la loi du silence.
Me concernant, il va de soi que j’apporte tout mon soutien à Henda Ayari et à toute femme qui aurait subi une agression sexuelle. Que cette femme s’appelle Henda, Maha ou Majda ou bien d’autres. Je les encourage toutes à oser les procédures pénales et à aller jusqu’au bout de ce que permet l’audace qui, lorsqu’elle s’exprime, n’a que faire des diverses pressions. Une agression sexuelle est une agression sexuelle qui exige que justice soit faite pareillement, au même tarif, que l’auteur présumé en soit un islamiste ou pas. Personnellement, bien que je sois mis au courant, accessoirement, de certaines affaires, relatives au registre des agressions sexuelles, qui impliqueraient des islamistes notoires, en France comme à l’étranger, je me suis toujours imposé la règle de ne jamais en faire état, explicitement, dans mes écrits. Parfois, j’en faisais allusion furtivement, envoyant de la sorte des messages implicites à ceux qui savent tout et qui doivent agir au nom du droit commun.
Je considère que mon créneau est celui du décryptage pédagogique de l’idéologie islamiste, de ses structures, de ses agents d’influence, de ses cavernes dorées, de ses prédicateurs, de ses réseaux aériens et souterrains en France et ailleurs. Et ce, pour que tout citoyen puisse comprendre les vrais enjeux sociétaux, à moyen et à long terme, si on laisse à l’islamistosphère le champ libre pour ses projections. Certes, en l’absence de preuves matérielles — dont l’obtention dans de telles situations est de l’ordre de l’impossible — la sagesse me dicte une sorte de prudence qui n’est en aucun cas synonyme de lâcheté. D’ailleurs, ce ne sont hélas pas les procès "en diffamation" qui me manquent, même si je n’ai perdu aucun d’eux jusqu’à aujourd’hui. Je me dis que, à mon niveau, je réponds, me semble-t-il, à un besoin d’intérêt général, d’analyse et d’alerte. Après, à chacun(e) d’assumer aussi sa part de ce devoir citoyen partagé en ces temps troubles. Surtout ceux qui savent et qui peuvent agir fermement mais qui, dans certains cas, préfèrent regarder ailleurs dans un cynisme froid et calculateur.