Dimanche matin, Laurent de Sutter, philosophe belge, lisait un texte sur les violences policières dans l’émission “Dans quel monde on vit ?”, de la Première. Il exprime clairement sa réprobation envers certains comportements des forces de l’ordre : “Chers flics, c’est pour ça que vous frappez : vous savez que vous avez tort” (1). Quelques heures plus tard, l’émission est supprimée du site de la RTBF. Mais pourquoi ? Qui a fait pression ? Qui a donné l’ordre ?
Nous ne connaissons pas la réponse à toutes ces questions. Nous avons simplement quelques faits sous la main. D’abord, le secrétaire du Syndicat National du personnel de Police et de Sécurité s’est indigné sur Twitter, en interpellant tous les présidents de parti : “Voilà à quoi servent les subsides accordés avec les deniers publics à la RTBF : insulter des policiers et diffuser des appels à la haine”.
Il ne s’agit pas d’un appel à la haine, simplement d’une alerte : si les forces de l’ordre continuent à se sentir légitime dans leurs actes, même un philosophe finira par vouloir les “traquer” (1).
Après cela, Georges-Louis Bouchez (président du MR) s’indigne lui aussi dans un tweet : il qualifie le texte de “propos inacceptables sans aucune contradiction sur un média public” qui parlent, selon lui, “de faits qui ne concernent nullement des actes survenus en Belgique”. A-t-il oublié Adil ? Mehdi ? Mawda ? Les vidéos de policiers qui matraquent des journalistes pendant BLM ? Le traitement réservé aux jeunes de Cureghem, de Saint-Gilles, et d’ailleurs ?
Il finit son tweet en demandant “des explications à la RTBF”. Quelque temps plus tard, l’intervention est supprimée du site de la RTBF. Comme dit plus haut, nous ne savons pas ce qu’il s’est exactement passé en interne. Simplement, nous tenions à soulever la levée de bouclier de la police et du MR, main dans la main : il n’était pas question, pour eux, de laisser une intervention à contre-courant exister à la RTBF.
Georges-Louis Bouchez avait pourtant déclaré “la liberté d’expression doit être absolue" (2), lorsqu’un professeur avait été suspendu après avoir montré des caricatures du prophète Mahomet. Tout porte à croire qu’il manquait une fin à sa phrase : “la liberté d’expression doit être absolue” quand il s’agit de propos qui vont dans le sens du président du MR.
Un média du service public, financé par les contribuables, a donc fini par proprement censurer une intervention sous la pression d’un membre du Sénat et d’un Syndicat de police… Cela pose une question : pourquoi les opinions à contre-courant sont-elles exclues du débat public ? Certaines personnes avaient pris le temps de noter le texte, il est donc disponible en entier dans les sources (1).
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