Israël a décidé de durcir délibérément les conditions de détention des prisonniers palestiniens en leur interdisant de cuisiner et en restreignant les visites et l’utilisation de l’eau. « Cette fête va se terminer », a déclaré le ministre israélien de la Sécurité publique.
C’est ce mercredi que le ministre israélien de la Sécurité publique, Gilad Erdan, a dévoilé les restrictions qui allaient être imposées aux prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, faisant remarquer que « durcir les conditions des terroristes est nécessaire pour créer la dissuasion et remplir notre devoir moral à l’égard des victimes de la terreur et de leurs familles », comme le citait The Jerusalem Post.
Les nouvelles règles veilleront à ce que les prisonniers sécuritaires provenant de factions palestiniennes rivales soient gardés ensemble. Jusqu’à présent, ils étaient détenus dans des cellules en fonction de leur affiliation, ce qui, déclare Erdan, ne faisait que cimenter les liens entre les groupes respectifs, « renforçant ainsi leur identité organisationnelle ».
« Sous les nouvelles directives, les prisonniers sécuritaires ne pourront plus cuisiner pour eux-mêmes dans les pavillons. Erdan a déclaré que ce privilège leur conférait un avantage déloyal sur les criminels incarcérés qui doivent se contenter de la nourriture que la prison veut bien leur servir. »
« Si souvent, des images révoltantes nous arrivent du fait qu’on cuisine dans les ailes réservées aux terroristes. Cette fête va se terminer », a-t-il ajouté.
Les équipements et ustensiles de cuisine seront confisqués et l’« argent de cantine » que les prisonniers reçoivent des organisations des droits et de la famille sera considérablement réduit.
En s’en prenant aux détenus palestiniens, Erdan applique les recommandations d’une commission spéciale qu’il a créée en juin en vue d’élaborer des dispositions qui durciront les conditions de détention des détenus condamnés pour des délits relatifs au terrorisme.
En annonçant les nouvelles réglementations, Erdan a attiré spécialement l’attention sur ce qu’il a qualifié d’utilisation « absurde » de l’eau par les prisonniers sécuritaires. Le ministre a prétendu que les détenus laissaient intentionnellement tous les robinets ouverts à longueur de journée dans leurs pavillons « afin de contribuer à combattre Israël », qui souffre d’une pénurie d’eau potable. Selon des statistiques citées par Erdan, un prisonnier sécuritaire consomme « cinq fois plus d’eau, voire davantage encore », que n’en utilise quotidiennement un citoyen israélien ordinaire.
Les douches seraient supprimées dans les quartiers des détenus et leur accès serait désormais limité. Les nouvelles réglementations limiteront également les visites familiales et interdiront aux parlementaires israéliens de rendre visite aux détenus palestiniens en prison.
La mesure n’a pas été appréciée par les organisations défendant les droits des Palestiniens, qui disent que les nouvelles réglementations vont rendre la vie des prisonniers insupportable.
Qadri Abubaker, directeur de la Commission des prisonniers, a demandé au public palestinien, à ses médias, ses responsables et ses défenseurs des droits de s’opposer avec fermeté aux nouvelles restrictions, « afin de dénoncer ces mesures arrogantes », pouvait-on lire du côté de l’agence palestinienne d’information, Wafa.
L’association non gouvernementale de défense, Palestinian Prisoner Society (PPS), a accusé Erdan d’avoir utilisé cette répression à l’égard des prisonniers palestiniens afin de promouvoir sa propre image en vue des prochaines élections israéliennes, qui auront lieu le 9 avril.
« Ce qu’Erdan a annoncé à propos de ses recommandations destinées à supprimer ce pour quoi les prisonniers se sont battus n’est rien de plus qu’une faillite politique dans laquelle on se sert des prisonniers politiques en guise de surenchère électorale entre les divers candidats des partis israéliens », a déclaré sur Wafa Qaddoura Faris, directeur du PPS.