Plus Israël devient nationaliste, plus il se rapprochera ceux qui font la promotion du nationalisme et de la xénophobie, même s’ils sont antisémites. C’est ce que nous avons pu voir dans les relations entre Netanyahou et le gouvernement hongrois.
Que le gouvernement hongrois ait annoncé qu’il allait retirer ses affiches anti-Soros (qui s’en prennent au magnat juif né en Hongrie Georges Soros) avant l’arrivée dans le pays du Premier ministre Benjamin Netanyahou n’atténue en rien l’attitude scandaleuse de ce dernier.
Le Premier ministre de Hongrie Viktor Orban et son parti, le Fidesz mènent une campagne nationaliste, raciste et islamophobe. Usant d’une rhétorique familière à la plupart des oreilles israéliennes, ceux-ci signalent que Soros subventionne des organisations de la société civile ainsi que des ONG démocratiques en Hongrie. La communauté juive de Hongrie a exprimé son inquiétude sur cette campagne qui encourage l’antisémitisme ; l’ambassadeur d’Israël a même émis une condamnation et exigé que les affiches soient enlevées. Mais la droite hongroise partenaire idéologique de l’extrême-droite israélienne a été rendue furieuse par les demandes de l’ambassadeur israélien, prenant ostensiblement la défense de Soros, en qui ils voient quelqu’un qui soutient le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), un mouvement qu’ils considèrent anti-israélien.
Netanyahou, comme d’habitude, a cédé à la pression et son cabinet a ordonné au ministre des Affaires étrangères de publier une clarification. Celle-ci précisant que la déclaration de l’ambassadeur n’avait pour but « en aucun cas de délégitimer la critique de Georges Soros qui sape continuellement le gouvernement démocratiquement élu d’Israël en soutenant des organisations qui diffament l’État juif et ne cherchent qu’à lui nier le droit de se défendre ».
L’ultranationalisme en soi est et a toujours été lié à l’antisémitisme. Il inclut la haine du « Juif cosmopolite » dont l’existence est présentée comme une menace de subversion des différentes nations du monde. Le comportement du gouvernement Netanyahou montre qu’Israël, l’État juif, n’est pas immunisé contre cette haine.
Les Israéliens n’ont pas besoin de Soros pour savoir que des Juifs peuvent être déclarés hostiles dans leur propre pays. Ceux qui promeuvent des programmes universalistes et se battent pour la défense des droits humains, y compris les droits des minorités et des étrangers, sont dénoncés en Israël comme ennemis. Leur judéité n’est même pas prise en compte dans cette vision de la loyauté. De surcroit, plus les Israéliens voient l’occupation non pas comme un problème à résoudre mais comme le phare du nationalisme juif, plus ses opposants sont perçus comme des ennemis.
Il semble que la fidélité à Israël soit évaluée à l’aide de nouveaux paramètres qui collent à l’esprit des temps. Il y a 2 semaines, Orban faisait l’éloge de Miklos Horthy, homme fort de la Hongrie pendant la période de la Shoah qui a collaboré avec les nazis, période pendant laquelle un demi millions de Juifs hongrois ont été envoyés dans les camps de la mort. Israël a protesté contre les commentaires d’Orban mais de telle sorte de ne pas affecter la réunion prévue avec lui et Netanyahou la semaine prochaine et faisant avec les faibles clarifications offertes par le ministre hongrois des Affaires étrangères.
Plus Israël devient nationaliste, plus la haine envers ceux qui portent la bannière des valeurs morale et d’identité universelle va croître. Ils seront perçus comme ennemis même s’ils sont Juifs. Mais simultanément, l’amitié d’Israël ira grandissante envers les promoteurs du nationalisme et de la xénophobie, même s’ils sont antisémites.