Mi-documentaire mi-fiction, primé à la Berlinale 2017, le film de Raed Andoni rend compte du traumatisme vécu par les hommes palestiniens. Tourné avec le concours d’ex-détenus, “La Chasse aux fantômes” est finalement devenu une expérience cathartique. A voir sur Arte ce mercredi. Entretien avec le réalisateur.
C’est peu dire que Raed Andoni n’est pas un tenant de la facilité. Du choix de son sujet — le centre d’interrogatoire d’une prison israélienne — au dispositif filmique troublant adopté, le réalisateur franco-palestinien continue avec La Chasse aux fantômes, prix du meilleur documentaire à la Berlinale 2017, de s’affranchir des constructions cinématographiques trop linéaires pour sonder la mémoire douloureuse de ses concitoyens. Fix me, son premier long métrage, réalisé en 2009, donnait déjà le ton des sentiers non balisés qu’explore, à dessein, Raed Andoni. Familier des migraines, il y filmait sa psychanalyse, traquant les raisons de sa colère sourde et auscultant, parallèlement, le quotidien violent des Palestiniens. Avec ce nouvel opus, expérience cathartique de thérapie collective, il prolonge la quête. Faisant émerger la parole de ceux qui, comme lui, sont passés par les geôles israéliennes, documentant avec précision les séances de torture, il questionne aussi la complexité des relations dominant/dominé, l’injonction d’être héroïque, la vulnérabilité, la capacité individuelle à absorber les traumatismes…