Presque huit mois après le début de l’affaire Weinstein, le mouvement #metoo (« moi aussi ») arrive enfin en Iran. Mais contrairement au reste du monde, la libération de la parole a commencé par celle des hommes, qui racontent, à la première personne, avoir été victimes de pédophilie dans leur enfance. Sur la Toile, quelques Iraniennes profitent aussi de cet élan pour dénoncer la culture patriarcale et les agressions sexuelles, mais elles sont beaucoup moins nombreuses, utilisent souvent des pseudonymes et des termes plus vagues pour décrire leur vécu.
L’événement déclencheur a été la publication, le 29 mai, par les quotidiens iraniens et les réseaux sociaux, du récit d’actes de pédophilie d’un enseignant dans un lycée de garçons de Téhéran. L’affaire a éclaté au grand jour lorsque les parents de l’un des seize garçons victimes, le trouvant « nerveux » et « agressif », l’ont conduit chez un médecin, auquel il s’est ouvert des sévices endurés.
Les parents ont porté l’affaire devant le directeur de l’école, mais, face à son manque de réaction, ils ont fini par médiatiser l’affaire. Une vidéo, filmée par l’un des étudiants, a été publiée sur la Toile : on y voit le suspect tenant des paroles obscènes à caractère sexuel devant des élèves. L’indignation des Iraniens a été décuplée.
Les « ordres de Dieu »
Selon certains parents, qui sont depuis lors sortis de leur silence, l’homme montrait en outre à ses étudiants des vidéos pornographiques, leur faisait boire de l’alcool (interdit en République islamique d’Iran), et les incitait ensuite à avoir des rapports sexuels entre eux. Pire, l’homme, qui est actuellement en garde à vue, est accusé de viols.
Une plainte a aussi été déposée contre le directeur de l’école qui, d’après les parents, a, au mieux, manqué à ses responsabilités, au pire fermé les yeux sur les agissements de l’accusé.