Égypte : une Libanaise condamnée à 8 ans de prison pour avoir dénoncé un harcèlement sexuel
Par Nadir Dendoune le lundi 9 juillet 2018
Mona El-Mazbouh dans sa deuxième vidéo postée sur Facebook, affirme que son intention n’était pas d’insulter les Egyptiens et qu’elle ne mettait pas en cause "tout le peuple égyptien".
Mona al-Mazbouh, une Libanaise de 24 ans se souviendra longtemps de son voyage en Égypte. Ce samedi 7 juillet, elle a été condamnée à huit ans de prison pour "atteinte" au peuple égyptien, après la diffusion d’une vidéo dans laquelle elle affirmait avoir été victime de harcèlement sexuel.
Cette touriste avait été arrêtée fin mai à l’aéroport du Caire alors qu’elle s’apprêtait à quitter le pays. Mona al-Mazbouh avait diffusé une vidéo sur Facebook, largement partagée, dans laquelle elle affirmait avoir été victime de harcèlement sexuel dans la rue et accusait les Égyptiens de vol et d’arnaque. Bref, rien qui ne mérite d’être condamnée à 8 ans de prison.
Ces accusations ont ulcéré des citoyens égyptiens dont certains ont appelé à son arrestation et déposé plainte. Cette femme a alors diffusé une autre vidéo affirmant que son intention n’était pas d’insulter les Egyptiens et que, dans son précédent enregistrement, elle ne mettait pas en cause "tout le peuple égyptien".
Des excuses qui n’ont servi à rien puisque ce samedi donc, un tribunal du Caire l’a condamné d’abord à 11 ans de prison avant, dans un acte de générosité !, de modifier son verdict à 8 ans une heure plus tard. Elle a été reconnue coupable d’avoir "porté atteinte au peuple égyptien". Le parquet l’avait accusée notamment de "propagation de fausses rumeurs et d’atteinte aux religions".
L’avocat de Mona al-Mazbouh a fait appel et une audience se tiendra le 29 juillet. "Avec tout le respect dû à l’institution judiciaire, c’est un verdict sévère. Il rentre dans le cadre de la loi, mais le tribunal a appliqué la peine maximale", a commenté Emad Kamal, ajoutant que sa cliente souffrait de dépression et qu’elle avait subi une opération en 2006 rendant plus difficile le contrôle de ses émotions.
Les défenseurs des droits de l’homme égyptiens disent devoir faire face à la plus féroce répression qu’a jamais connue le pays sous le régime du président Abdel Fattah al Sissi, investi début juin pour un deuxième mandat.
On espère que la justice égyptienne reviendra à la raison et que la jeune fille pourra retrouver les siens qui ne doivent plus dormir...
Nadir Dendoune