Priscille TOURAILLE, Socio-anthropologue, Chargée de recherche au CNRS, UMR 7206, Muséum national d’Histoire naturelle
« Définir les individus par leur fonction de procréation : mais à quoi ça sert ? »
Colloque 9 et 10 mai 2012 -
Centre d’Alembert
EFFETS DE GENRE DANS LES SCIENCES ET LES TECHNOLOGIES
LA CONFÉRENCE : http://webtv.u-psud.fr/video/71ASR4HUAUGW/Priscille-Touraille-colloque-2012-EFFETS-DE-GENRE-DANS-LES-SCIENCES-ET-LES-TECHNOLOGIES
Résumé :
La catégorisation homme/femme définit les personnes par deux formes typiques d’organes génitaux et se présente comme une justification biologique d’un rôle différencié dans la fonction de procréation à l’âge adulte. À quoi sert de diviser les membres d’une société sur la base de cette fonction ? Contrairement à ce qu’affirment certains discours ordinaires dans les sociétés occidentales, le désir de procréer est tout sauf naturel. Dans le sens suivant : on ne le retrouve pas dans la Nature. Pour vouloir faire des enfants, il faut d’abord avoir conscientisé le lien entre une pratique sexuelle particulière et la gestation. Le fait que cette conscience soit une spécificité de l’espèce humaine a été trop peu élaboré par la pensée philosophique et scientifique occidentale. Or, savoir comment se font les enfants fait de la procréation un des rares évènements biologiques à pouvoir être évité, et donc, aussi, imposé socialement. Les études sur le genre donnent à comprendre une réalité sociale restée longtemps invisible dans les sciences : la catégorisation de genre est toute entière fondée sur une canalisation vers l’hétérosexualité, qui va de pair avec une tabouisation et une condamnation relative de toutes les formes de sexualité non conceptive. La catégorisation de genre représente donc, ultimement, une canalisation vers la procréation ; elle sert à effacer théoriquement l’idée que procréer, ou ne pas procréer, puisse relever d’un choix existentiel, fondamentalement humain.