La journaliste Shireen Abu Akleh, est une journaliste de nationalité Palestinienne et Américaine. Reporter, elle couvrait depuis 20 ans le conflit en Palestine, sur le terrain, au cœur des événement. Elle rapportait les exactions, les tirs, les arrestations, et était l’une des reporters les plus connues de la chaîne Al Jazeera. Elle avait également travaillé pour La Voix de la Palestine et Radio Monte-Carlo. Ce mercredi 11 mai, elle a été lors d’une offensive de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine. Abattue alors qu’elle portait un gilet pare-balle et un casque avec les lettres « PRESS » parfaitement visible et lisible. Fauchée par une balle dans la tête, juste dans une aspérité de ses protections.
Pour les témoins sur place, le ministère de la santé palestinien et le média pour lequel elle travaillait, il ne fait aucun doute que l’armée israélienne a tué la journaliste. Pourtant, la propagande israélienne sème le doute, parle d’une fusillade, et affirme qu’il s’agirait d’une balle tirée par des palestiniens. Opération de confusion, qu’on entend parfois en France, lorsque les autorités insinuent qu’une personne mutilées aurait pu l’être par les « projectiles » de manifestants plutôt que par la police.
Sara Grira, journaliste pour le média Orient XXI s’insurge contre cette version « officielle » reprise dans certains médias : « Non, la journaliste n’a pas été “prise au milieu d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et des hommes armés” Toute la séquence a été filmée par la chaîne. La journaliste Shyrine Abou Aqleh a reçu une balle derrière l’oreille, à l’un des rares endroits qui n’étaient couverts ni par son casque ni par son gilet par balles sur lesquels étaient clairement écrits PRESS. Elle était avec 4 autres journalistes étaient là pour couvrir quand elle a reçu une balle de sniper. Et les soldats ont continué à tirer quand elle est tombée à terre et que ses confrères tentaient de la secourir… » L’exécution sommaire d’une journaliste gênante ? Ces violences s’inscrivent dans une escalade marquée, ces dernières semaines, par l’attaque de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem par la police militaire israélienne, causant de nombreux blessé-es, dont plusieurs gravement.
En 2018, deux journalistes palestiniens, Yasser Murtaja et Ahmed Abu Hussein, étaient tués à Gaza. Au total, 50 journalistes palestinien-nes sont mort-es depuis 2000 à cause de l’occupation israélienne. Il y a aussi des dizaines de journalistes palestinien-nes détenu-es derrière les barreaux de l’occupation, dont Bushra al-Tawil, emprisonnée sans inculpation ni procès en détention administrative. Les démocraties occidentales s’insurgent régulièrement, à juste titre, contre les atteintes à la « liberté de la presse » commises par divers régimes. Seront-elles aussi fermes contre l’État colonial d’Israël ? Shireen Abu Akleh sera-t-elle morte en vain ?
Ce soir, les forces israéliennes répriment en empêchant les hommages qui s’organisent près du domicile de la journaliste défunte.
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Shireen travaillait depuis 1997 pour la chaîne Al Jazeera. Alors que les médias occidentaux sont bien trop souvent absents en Palestine ou reprennent habituellement la langue de bois des communiqués officiels israéliens, Shireen était toujours sur le terrain, c’est-à-dire dans tous ces territoires occupés où l’armée israélienne confisque des terres, arrête des enfants, gaze des fidèles, détruit des maisons ou des écoles ou tue froidement.
Shireen était la voix très réputée de la Palestine. A Jénine où elle était en reportage, elle était bien identifiable comme journaliste et elle a été froidement abattue par un tireur de l’armée israélienne. La vie des Palestiniennes et des Palestiniens n’a aucune valeur pour cette armée.
L’armée israélienne a immédiatement versé dans le déni habituel à chaque crime, suggérant que Shireen avait été tuée par des balles palestiniennes. « Comment l’armée la plus morale du monde pourrait commettre un acte pareil ? » Bien sûr pour cette armée que les Israéliens glorifient en l’appelant Tsahal, les agresseurs sont les Palestiniens.
Cette armée commet des crimes tous les jours et sans aucun remord. Elle a déjà tué près de 50 journalistes palestiniens, elle tue un enfant palestinien tous les trois jours. Elle a continué à attaquer le camp de réfugiés de Jénine, lieu où des dizaines de civils dont de nombreux enfants ont été massacrés en 2002 et où ces attaques n’ont jamais cessé. Elle a molesté les très nombreux Palestiniens venus à Jérusalem aux obsèques de Shireen, arrachant les drapeaux palestiniens.
Les attaques contre la presse ne sont pas nouvelles, il y a eu l’an dernier la destruction d’une tour à Gaza abritant les médias internationaux et, plus anciennement, les calomnies déversées contre Charles Enderlin qui avait filmé en direct la mort d’un enfant palestinien.
Les protestations dans le monde contre cet odieux assassinat sont bien trop faibles pour l’instant. L’Union Européenne est « préoccupée », Antonio Guterres est « consterné ». Alors que Shireen avait aussi la nationalité états-unienne, l’administration Biden « déplore ». Ces dirigeants occidentaux, qui considèrent à juste titre que l’information libre n’existe plus en Russie et que Poutine fait du négationnisme face aux accusations de crimes de guerre commis par son armée, restent plus que timorés vis-à-vis des assassinats de journalistes palestiniens et des crimes incessants du gouvernement Bennett.
L’Union Juive Française pour la Paix présente ses condoléances aux proches de Shireen.
Après ce nouvel assassinat, l’UJFP considère que ne pas sanctionner politiquement, économiquement et militairement Israël et sa politique d’occupation et de destruction de la société palestinienne est un acte de complicité et ouvre la voie à d’autres crimes.
La Coordination Nationale de l’UJFP le 13 mai 2022