Lors de la nuit de jeudi 21 septembre, à trois heures du matin, un incendie a ravagé un hangar de la gendarmerie de Grenoble, ainsi que la cinquantaine de véhicules qui s’y trouvaient.
À treize heures, un article de revendications est publié sur Indymedia Grenoble.
Quelques heures plus tard, l’équipe du site reçoit, par personnes interposées, un courriel de l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication (OCLCTIC) la sommant de retirer le contenu du-dit article pour « provocation à des actes de terrorisme ou apologie de tels actes ».
Cette requête, qu’a aussi reçu Indymedia Nantes fait directement écho à l’attaque qui a eu lieu en Allemagne le 25 août dernier contre Indymedia Linksunten, attaque qui s’est soldée par la perquisition de quatre domiciles et un centre social autogéré, et ce pour des prétextes similaires.
Le ministre de l’intérieur allemand parlait alors de publications « contraires à l’ordre constitutionnel », et considérait les membres d’Indymedia Linksunten comme « membres d’une association terroriste ».
Nous avons plié à cette demande directe des bureaux de police.
Nous souhaitons cependant que soient actés les deux points suivants :
Il nous semblait (et nous semble toujours) important que soit visibilisée la nature politiques d’actions directes, fussent-elles pénalement répréhensibles.
Nos états sont actuellement en train de mener une véritable guerre médiatique. Celle-ci semble viser à faire taire les oppositions politiques radicales, et à criminaliser les collectifs et individus qui communiqueraient sur leurs objectifs politiques, et ce sans le prisme déformant des médias traditionnels.
Rappelons qu’Indymedia a été créé suite aux manifestations de Seattle contre la réunion de l’OMC, alors que les gens manifestant sur place se rendaient comptent que ce qu’ils vivaient ne correspondait pas à ce qui était relayé dans les médias.
Indymedia Grenoble a ainsi permis de faire entendre la réalité des personnes sur place lors des différents mouvements sociaux qui ont eu lieu localement (lutte contre le CPE, la LRU, le mouvement des lycéens, les émeutes qui ont fait suite au meurtre de Karim Boudouda à la Villeneuve en 2010, les manifestations contre la loi travail, etc.), et pas uniquement celles de journalistes ou soi-disant spécialistes.
En l’occurrence, nous avons le sentiment d’être parvenu à cet objectif en permettant à un communiqué de revendication d’être relayé sur un très grand nombre de médias.
C’est la deuxième fois en moins de dix ans que la police tente ainsi d’intimider les équipes d’Indymedia Grenoble. Des journalistes patentés étaient d’ailleurs à l’origine de perquisitions contre les domiciles de gens et d’associations suspectées de faire partie de l’équipe du site [1].
Nous jugeons la répétition de toutes ces pressions intolérables.
C’est pourquoi, nous, collectif d’Indymedia Grenoble invitons plus que jamais tous les médias libres à affirmer leur autonomie, et à ce que soient soutenues les initiatives de communication directe et indépendante lors d’actions politiques.
Ce qui nous touche aujourd’hui, c’est ce qui peut toucher tous les autres médias dans les temps à venir.
Solidairement,
L’équipe d’Indymedia Grenoble.
[1] Nous notons d’ailleurs que ces deux mêmes journalistes, Denis Masliah et Vanessa Laime ont, comme tant d’autre, copié ce communiqué depuis Indymedia Grenoble sur le site internet du Dauphiné Libéré, et ce semble-t-il sans problème à l’heure où nous écrivons ces lignes.