Après la tragédie du génocide juif, le sionisme, à l’origine doctrine idéologique un peu fumeuse, s’est affirmé comme un projet politique dont le but était d’installer « le peuple juif », c’est à dire tous les juifs du monde, revendiqués ou assignés comme tels, sur sa soi-disant terre biblique originaire. Malgré l’inconsistance de ces justifications, ce projet s’est réalisé et ce sont les Palestiniens qui en ont fait les frais. Aujourd’hui, leur reconnaître le droit à un Etat autonome et viable ne serait que justice. Mais Israël n’en veut pas, et pour le rendre irréalisable il accélère la colonisation des territoires palestiniens sans cacher son intention de les annexer en leur entier. Le sionisme est le fondement de cette politique mortifère. En dénoncer sa nocivité, c’est l’antisionisme. Etre antisioniste, c’est par exemple refuser que Jérusalem devienne la capitale exclusive d’Israël, c’est s’insurger contre les mesures que multiplient la coalition de droite et d’extrême droite au pouvoir en Israël pour imposer l’hégémonie juive dans ce pays (voir la brève ci contre). Pour autant, les dirigeants israéliens craignent que les opinions publiques aient du mal à les suivre, d’autant que les réactions antisionistes se multiplient et que la campagne BDS ne faiblit pas. Pour en endiguer les effets, les propagandistes de Tel-Aviv et leurs relais à Paris , en particulier le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), n’ont rien trouvé de mieux que de ressortir l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme et traiter d’antisémites celles et ceux qui le dénoncent. L’essayiste Dominique Vidal, auteur du livre Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron en a souvent fait les frais. Pour les mêmes raisons, Pascal Boniface, géopolitologue à l’Institut de relations internationales et stratégiques a fait l’objet de diffamations, insultes et manœuvres en tout genre. Il vient d’en témoigner dans son livre Antisémite.
Au delà de l’indignation que cet amalgame suscite, il est consternant de le voir être partagé par la quasi totalité du monde politique et intellectuel occidental. Le message est clair : les Arabes, quels qu’ils soient et où qu’ils soient ne seront tolérés que tant qu’ils accepteront leur état de dominés.