« Il y a dix ans, dans la même réunion qu’aujourd’hui, si on avait dit ” blanc ”, les gens auraient cassé le mobilier. Aujourd’hui, grâce aux Indigènes de la République, grâce à H0uria, on peut dire ”les blancs”. » - Eric Hazan
On ne peut malheureusement pas encore donner tort à l’éditeur classé à l’extrême gauche du dernier pamphlet explicitement antisémite d’H*uria B*uteldja Les Blancs, les juifs et nous, qui n’a pas suscité de réaction à la hauteur de son caractère ignoble.
Les catégories et le vocabulaire de l’idéologie racialisatrice, repris depuis quelques temps dans les organisations et milieux politiques qui vont de l‘extrême gauche jusqu’aux libertaires, sont en train de devenir la norme et d’instaurer une hégémonie.
Ce vocabulaire s’est imposé insidieusement, sans être ni discuté ni argumenté. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui sont dans l’incapacité de soutenir politiquement ces positions intenables, à part à coup d’affirmations tautologiques et de fausses évidences.
Un glissement sémantique a déjà largement opéré : les termes de « race », « blancs », « non-blancs », « racisés », « racialisation », « décolonial » sont devenus du jour au lendemain des catégories d’analyse jugées pertinentes, nécessaires, et sont même promus comme instruments d’une perspective d’émancipation, là où nous y voyons une faillite catastrophique.
L’ensemble prospère et tient notamment par un chantage à la culpabilité que manient très bien les tenants de cette idéologie. Ironiquement, aujourd’hui, refuser les termes de « race » ou « d’islamophobie » expose à l’infamante accusation de racisme, visant à étouffer ainsi toute possibilité de débat, de critiques et de refus. Certains anarchistes en sont rendus à proscrire le slogan « ni dieu ni maître » sous prétexte d’« islamophobie » et certains marxistes pensent que pour être antiraciste il est urgent d’ajouter la « race » à la classe. De fait le terme de « race » qui était jusqu’à peu l’apanage de l’extrême droite se retrouve aujourd’hui à toutes les sauces.
Le clivage à l’œuvre autour de ces questions se doit donc d’être clarifié et travaillé de manière réfléchie.
À plus forte raison dans la situation actuelle, le racialisme ne peut mener qu’à la guerre de tous contre tous.
Cette offensive politique est lourde de conséquence pour tous, et d’un point de vue révolutionnaire c’est un point de rupture.
Où en serons nous dans quelque temps si elle s’avérait victorieuse ?
Été 2016