A 10 ans d’Atenco
Aux compañer@s d’Atenco, aux compas du Front des Peuples en Défense de la Terre -FPDT-.
A La Sexta.
Déjà 10 ans de cette guerre contre la justice et la solidarité que nous n’oublierons pas.
A 10 ans, de la féroce répression de l’appareil policier et étatique contre les dignes revendications du FPDT, opposés à la confiscation de leurs terres et à l’implantation d’un aéroport à Texcoco et Atenco, nous n’avons rien oublié.
Nous n’oublions pas le caractère injuste et illégal de l’opération policière.
Nous n’oublions pas les vols, les peines de prisons indécentes, la violence barbare, les tortures et les viols, dont ont particulièrement souffert les compañeras.
Nous n’oublions pas que cela fait déjà dix ans que dans les rues de Texcoco et de San Salvador Atenco, les 3 et 4 mai 2006, les trois niveaux de gouvernement, avec l’aide des principaux partis politiques et l’ensemble de l’appareil de l’État mexicain, ont déchaîné leur violence et leur brutalité par l’intermédiaire de leurs forces policières et judiciaires contre des hommes et des femmes qui défendaient le droit à la terre et à la solidarité.
Nous n’oublions pas le bilan de la répression : Javier Cortés Santiago et Alexis Benhumea assassinés par la police, les 207 personnes torturées et emprisonnées, les centaines de perquisitions, les cinq personnes d’autres pays – survivantes de la répression – expulsées, la persécution politique et judiciaire des membres du FPDT, l’utilisation de la torture sexuelle contre les femmes détenues.
Nous n’oublions pas ceux d’en haut, la classe politique dans sa totalité, qui a légitimé les faits de diverses manières.
Nous n’oublions pas qu’à l’époque le secrétaire du Gouvernement de l’État de Mexico était Humberto Benítez Treviño, actuel président du Collège de l’État de Mexico, collège d’études supérieures et équivalent au système des grandes écoles ; Wilfredo Robledo était le secrétaire de la Sécurité Publique – aujourd’hui, proposé comme conseiller de sécurité du candidat du PRI – Parti révolutionnaire institutionnel – au gouvernement de Veracruz par Héctor Yunes Landa– ; le chef de l’État-Major de la Police Fédérale Préventive était Ardelio Vargas Fosado, aujourd’hui mandataire de l’Institut National de Migration et l’actuel président l’Exécutif fédéral Enrique Peña Nieto, était le gouverneur de l’État de Mexico.
Nous n’oublions pas que suite à ces faits, un groupe de femmes qui avaient été arrêtées et torturées par l’État mexicain dans son ensemble a décidé de porter plainte contre celui-ci pour la torture sexuelle qu’elles ont subi. Ces plaintes ont été lancées au niveau national, où comme on pouvait s’y attendre, elles ont reçu pour toute réponse le silence et l’oubli, ce qui les a amenées à un niveau international auprès de la Commission Inter-américaine des Droits Humains.(1)
A 10 ans de cette guerre contre l’oubli, compañer@s, en ce 10ème anniversaire de la terrible répression que vous avez subi(e)s, nous tenons à vous exprimer notre peine toujours vivace, mais aussi notre solidarité.
Avec vous nous voulons aussi dénoncer les faits récents : le gouvernement continue sa pression scandaleuse en envoyant des militaires avec leur véhicule blindé, sur les terres collectives, pour protéger une entreprise qui effectue des études illégales.
La solidarité a été le prétexte utilisé par l’État pour assiéger, frapper, perquisitionner les domiciles, assassiner et torturer. Ce fut un acte de guerre contre la justice. Ils ont essayé, par la terreur, de vous annuler, de vous réduire, de vous démobiliser.
Nous n’oublions pas.
La terre ne se vend pas, elle s’aime et se défend !
Collectif Chiapas - Liège
CafeZ - Liège
Casa Nicaragua - Liège
Coordination Zapatiste Indigène - E.W.
— -
(1) https://www.cidh.oas.org/basicos/french/c.convention.htm
— -
D’autre infos :
http://www.amnestyusa.org/our-work/cases/mexico-women-of-atenco
— -
Une video des faits :
https://www.youtube.com/watch?v=macwnFrAErE
« Plan d’une extermination : écraser l’herbe, arracher tout, depuis la racine jusqu’à la dernière plante vivante, arroser la terre avec du sel. Après, tuer la mémoire de l’herbe. Pour coloniser les consciences, pour les supprimer ; pour les supprimer, les vider du passé. Annihiler tout témoignage qui rappelle que dans la contrée il y a eu autre chose que du silence, des prisons et des tombes. Il est interdit de s’en souvenir… » Eduardo Galeano