Condamné à perpétuité

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Condamné à perpétuité

30/05/2017

Ça y est, la loi permettant d’expulser des ressortissants étrangers nés en Belgique entre en application et c’est avec Yassine que le gouvernement va « l’inaugurer », au nom de prétendues « mesures sécuritaires ».

36 ans et né en Belgique, Yassine a passé toute sa vie ici. Il est malheureusement passé par la case prison. Privé de travailler, il a été obligé de voler. Mais peu importent les raisons, l’enfermement n’est de toute façon pas une solution.

Il a subi une première tentative d’expulsion le 19 mai. Est-il nécessaire de préciser qu’encore une fois, les policiers ont fait usage de violences graves ? Yassine est traumatisé par ce contact pour le moins rapproché avec les policiers mais est surtout dans
l’incompréhension : il appartient à la société belge, il est né et a grandi ici. Que va-t-il faire au Maroc ?

Et à nos politiques qui verraient une pertinence quelconque à évoquer l’argument du « criminel » et du « sécuritaire » : La prison comme punition, on sait trop bien que ça ne marche pas.
Quant aux expulsions : éloigner pour se dé-responsabilier ? On passe à côté du problème. Yassine a purgé sa peine, l’expulser au Maroc, c’est le condamner à perpétuité.

Yassine est actuellement enfermé au centre fermé de Merksplas. Paniqué par l’expulsion qui approche, il s’est coupé avec des morceaux de verre.
Il pleure à chaque appel. Un épisode qui nous rappelle tristement les événements de Vottem il y a quelques semaines et tous les autres suicides ou tentatives de suicide dans les centres fermés.
Yassine est actuellement en isolement et est psychologiquement très fragile. A la violence psychologique de sa détention viennent s’ajouter des violences physiques. Son état ne lui permettra pas de résister à une nouvelle expulsion.

Il nous dit du fond de son cachot :« Ils ont vu mes coupures, ils ont vu,ils sont rentrés, ils m’ont encore frappé, ils m’ont encore menotté.J’ai mes doigts, je ne les sens même plus, maman… Mon pays, qu’est-ce qu’ils me font ? Ils n’ont aucune pitié… J’ai fini ma peine, maman ! »

Exclusion, répression et expulsion : ainsi notre gouvernement entend mener sa politique sécuritaire, il vient encore de le confirmer en annonçant la construction de 3 nouveaux centres fermés. A quel prix ? Au sacrifice de nos valeurs. Au détriment de l’humanité. Au péril de nos droits.

Nous devons, plus que jamais, montrer au gouvernement que nous refusons et que nous opposons une résistance à ces politiques répressives et inhumaines, avant que l’on ne puisse dire « si on avait su ». Ne faisons pas d’amalgame entre ce qui est légal et ce qui est juste. Cette
nouvelle loi relève d’une profonde injustice.


publié le 31 mai 2017