RSS articles
Français  |  Nederlands

Le matriarcat n’existe pas

N-C Mathieu s’applique à déconstruire le « matriarcat » afin de révéler les enjeux sous-jacents d’une forme d’acharnement à régulièrement en réactualiser le mythe. Consacrer un ouvrage à des sociétés matrilinéaires souvent désignées comme matriarcales oblige alors à s’interroger sur la prégnance de ce mythe autant au sein des disciplines académiques (ethnologie [2] et anthropologie) que dans le langage courant. Pour Mathieu, ce qu’elle désigne comme, les « mythes modernes d’un matriarcat actuel » (p. 11) vise avant tout à justifier les dominations effectives des hommes sur les femmes par la mise en avant d’une domination fictive des femmes sur les hommes. Sur ce point, Martine Gestin démontre que chez les Muduvar d’Inde, il existe une force matricielle des femmes transcendant l’ordre métaphysique individuel, c’est-à-dire que les femmes sont dans un « Soi collectif féminin » (p. 248). Les hommes sont eux condamnés à une position de finitude car la perpétuation de l’ordre passe par les filles, non par les garçons. Pourtant, l’ordre métaphysique, bien que marqué par une dominance des femmes, est contrebalancé par un pouvoir effectif des hommes. Un des buts de l’ouvrage est donc de démontrer qu’il n’existe pas de sociétés matriarcales mais qu’il a existé et qu’il continue à exister (mais dans une moindre mesure) des sociétés matrilinéaires et/ou uxorilocales dans lesquelles les femmes tenaient/tiennent des places au moins aussi importantes que celles des hommes.

Un point commun de la majorité des sociétés étudiées est de révéler des symboliques genrées : systématiquement, les hommes sont associés à l’image de guerrier et de protecteur du groupe. L’homme est alors complémentaire de la femme car elle n’occupe jamais cet ordre (nécessaire) dans la société. C’est-à-dire que la figure masculine est celle qui protège le groupe. Cela permet ainsi de maintenir une existence et, par extension, une reproduction du groupe. Pourtant affirmer ce point met dans l’ombre la place « réelle » des femmes qui est parfois valorisée au sein d’ethnies. Plusieurs auteurs appellent ici d’ailleurs à la prudence quant à l’ethnocentrisme guettant des observateurs de ces ethnies matrilinéaires qui sont éloignées des standards dits occidentaux. (...) http://www.ethnographiques.org/2013/Louey

Mathieu étudie ensuite le mythe du matriarcat.
Elle définit le terme « matrilinéaire » : un individu est défini par sa mère et le terme « matrilocal » ou « uxorilocal » : les individus après le mariage vivent près de la famille de la mère.
Il y a 50 ans il a été estimé que les sociétés matrilinéaires représentent 15% de l’ensemble des sociétés et que les sociétés à la fois matrilinéaires et matrilocales en représentent 7%.
Au XIXème siècle, il a existé un mythe du matriarcat primitif c’est-à-dire de sociétés où les femmes avaient le pouvoir en tant que mère. Or les sources ne permettent pas de le prouver.
Pour Mathieu on sous-estime le pouvoir structurel des hommes ; par exemple les khasi les femmes transmettent les terres aux filles mais sous le contrôle des frères et du mari car les femmes sont considérées comme plus faibles. Les femmes sont également exclues des assemblées politiques. A l’heure actuelle, des groupes d’hommes khasi, qui ont exclu les femmes de leurs discussions souhaitent exclure de la société les femmes khasi qui auraient épousé un non khasi ainsi que leurs enfants. La responsabilité du lignage est toute entière portée par les femmes. Dans toutes ces sociétés, matrilinéaires et matrilocales, les femmes ont la aussi l’obligation de la maternité et à l’hétérosexualité. (...) http://www.crepegeorgette.com/2014/11/20/anatomie-politique-nicole-claude-mathieu/

Au cours des dernières années, Mathieu a publié principalement des articles de synthèse et de clarification conceptuelle. Parmi eux, signalons une claire critique du concept de ‘matriarcat’ (2004), particulièrement utile pour couper court aux discussions oiseuses sur le ‘pouvoir caché’ des femmes et le spectre de l’inversion des rôles. Mathieu y déplore l’instrumentalisation d’un ensemble de pratiques supposées ‘matriarcales’ dans certaines sociétés à des fins idéologiques ou même touristiques. Surtout, elle revient sur deux points clés : d’abord, qu’on ne connaît pas de sociétés ‘matriarcales’ au sens où les hommes y seraient traités comme les femmes dans les sociétés viriarcales. Nulle part dans le temps et l’espace n’existe de symétrie dans la brutalité de l’oppression que les un·e·s font subir aux autres. Ensuite, que cette symétrie ne saurait être ni le passé glorieux, ni l’avenir radieux que revendique le féminisme matérialiste, pour lequel il n’est aucunement question d’inverser l’oppression, mais bel et bien d’abolir les rapports sociaux de sexe viriarcaux. (...)https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2011-1-page-193.htm#s1n6

Les religions néolithiques sont très peu documentées, c’est sans doute pour cela que l’on s’est permis des spéculations aussi fragiles que celles du matriarcat primitif ou du culte de la grande déesse ou de la déesse-mère. (...) https://www.scienceshumaines.com/rencontre-avec-alain-testart-pour-en-finir-avec-la-deesse-mere_fr_28328.html

Ce sont partout les hommes qui fabriquent ces statuettes et presque partout eux qui les utilisent, les stockent, les disposent dans les cases ou au fronton des maisons des hommes, ou sur les lieux de culte. Elles représentent les épouses des ancêtres et, plus rarement, en régime matrilinéaire, les femmes ancêtres elles-mêmes. Parfois, elles sont les mères mythiques. Associée à une représentation masculine au caractère sexuel tout aussi ostensible, une telle statuette représente le couple primordial dont est issu toute l’humanité. Partout, elles sont les génitrices ou les mères dans leur fonction éducatrice, elles symbolisent l’idée générale de maternité, celle de fécondité. Car dans toutes ces sociétés, il est bon d’avoir de nombreux enfants, pour travailler les champs ou défendre ses droits, les armes à la main. La puissance d’un homme se juge au nombre de gens qu’il réussit à garder sous sa houlette, et d’abord au nombre de ses enfants, lequel dépend évidemment du nombre de ses épouses et de leur fécondité. Nul mystère donc à ce que ces sociétés représentent si souvent la femme sexualisée ; nul doute également que ce ne soit pas là une façon de valoriser la féminité en elle-même. Les femmes ne sont que les objets et les moyens des stratégies masculines. (...) http://www.alaintestart.com/deesse.htm

La première étude s’intitule « La “Grande Déesse” aujourd’hui » (p. 13-41) et interroge les fameuses statuettes féminines dites de fécondité qui donnèrent à penser qu’il put y avoir une époque matriarcale (Bachofen, 1861 ; Gimbutas, 1974) liée à la naissance de l’agriculture (Cauvin, 1997). Non seulement l’auteur critique l’idéalisme de ces thèses encore présentes dans les travaux contemporains mais il s’amuse aussi du sérieux quelque peu grandiloquent de l’interprétation religieuse concernant ces statuettes nombreuses et banales. Il s’interroge en premier lieu au sujet de l’image de la femme et de l’universalisme du symbolisme féminin, avant d’aborder l’hypothèse de la naissance de l’agriculture en lien avec une Déesse-Mère. Pour lui, l’abondance de statuettes féminines, tant sur le terrain archéologique préhistorique que sur celui de l’ethnologie, n’atteste nullement une suprématie quelconque des femmes, mais au contraire celle des hommes qui fabriquent et utilisent ces objets. (...) https://rhr.revues.org/7838

Que symbolisent ces petites statuettes bien souvent de quelques centimètres de longueur ? Tout simplement la féminité, la fécondité et la sexualité. Objets vraisemblablement fabriqués par les hommes, elles ne diffèreraient pas en substance des images contemporaines de femmes et révèleraient, au contraire de ce que l’on pensait, comme le dit l’auteur, une domination masculine sans conteste dans ces sociétés. On ne peut qu’être d’accord avec lui concernant ce mythe moderne du matriarcat, d’autant plus que le caractère guerrier de ces époques - l’homme préhistorique pacifique est un autre mythe - conduisait bien souvent les groupes humains à affermir les hommes au détriment des femmes, les sociétés guerrières privilégiant les garçons par divers rites d’initiation (Baruyas de Nouvelle Guinée, Spartiates de la Grèce antique). (...) https://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/250910/le-mythe-du-matriarcat

"Le fantasme du matriarcat"
http://www.ac-grenoble.fr/lycee/vincent.indy/spip.php?article509

Le matriarcat a-t-il existé ?
https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-l-histoire/la-fabrique-de-l-histoire-jeudi-19-mai-2016

Autour de la grande « déesse néolithique »
http://www.inrap.fr/autour-de-la-grande-deesse-neolithique-6465

L’oppression des femmes, hier et aujourd’hui...
https://cdarmangeat.blogspot.fr/2016/11/une-nouvelle-version-de-ma-brochure-sur.html


posté le Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.